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Jours de Guerre, tome 6 - 1940 : Jours de Chagrin II
Broché / 104 pages / édition de 1992
langue(s) : français
collection : Jours de Guerre
numéro : 6
ISBN : 2871931569
EAN : 9782871931560
dimensions : 280 (h) x 210 (l) x 12 (ép) mm
poids : 660 grammes
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Automne et hiver 1940... La Belgique occupée s’installe avec morosité dans sa nouvelle condition et s’efforce de passer, tant bien que mal, un cap difficile dont nul ne peut prévoir la durée. Il faut trouver des solutions aux problèmes les plus urgents, dont le moindre n’est pas de permettre à une population touchée par le ralentissement ou la cessation des activités professionnelles, l’absence des chefs de famille prisonniers en Allemagne, et des conditions climatiques éprouvantes, de survivre à l’hiver 40-41, de trouver une maigre pitance et un peu de chaleur sans tomber dans les rêts du marché noir. Secours d’Hiver, une intention généreuse, une erreur psychologique dans une dénomination qui sent un peu trop «l’air du temps»...

«Durer» en cédant sur l’accessoire pour sauvegarder l’essentiel, c’est aussi le sort des administrations communales qui doivent souvent composer ou trouver un terrain d’entente avec l’appareil militaire allemand dans l’intérêt de leurs administrés ou pour éviter l’irruption de «nouveaux messieurs» aux appétits inquiétants. Savoir jusqu’où aller, sentir quand le refus doit faire place à l’accommodement, telle est la question que la conscience seule des édiles peut trancher.

Le gouvernement Pierlot eût été bien en peine de fournir, jusqu’à sa reconstitution partielle à Londres, une ligne de conduite claire aux instances belges en pays occupé. En deux jours, du 16 au 18 juin, il était passé de la volonté farouche de continuer la lutte à celle de jeter l’éponge et de se cantonner dans l’organisation du rapatriement des réfugiés, envisageant même de démissionner pour faciliter d’éventuelles négociations de paix avec le vainqueur. Le «gouvernement de l’errance» entame de Bordeaux à Sauveterre, de Pellegrue à Vichy des tribulations marquées par la désespérance : les Allemands lui interdisent tout retour en Belgique, les nouvelles autorités françaises le tolèrent à peine, le Roi l’ignore...

Le salut viendra de l’épouvantail d’un contre-gouvernement que constituerait à Londres Marcel-Henri Jas-par, qui a faussé compagnie à ses collègues, et surtout de l’action du ministre des Colonies Albert De Vleeschau-wer et de l’ambassadeur Cartier de Marchienne. Armés de l’atout du potentiel économique du Congo belge, ils remonteront le courant en l’engageant aux côtés de la Grande-Bretagne et en convainquant Gutt d’abord, Pierlot et Spaak ensuite de les rejoindre à Londres et d’y reconstituer le gouvernement pour couper court aux «solutions de fantaisie».

D’autres n’avaient pas attendu la dissipation des doutes pour agir. Dès l’été 40, le contact s’est établi entre ceux qui, confusément encore, veulent «faire quelque chose» et ceux qui ont spontanément mis à la disposition des services britanniques plus de bonne volonté que d’expérience réelle de la guerre secrète. L’occupant fera des coupes sombres dans les rangs déjà clairsemés des premiers combattants de l’ombre.

Pour les Juifs de notre pays, citoyens belges «intégrés» ou immigrés de fraîche date, la question du choix ne se posera pas. Les autorités d’occupation procéderont méthodiquement à la mise en place d’une législation discriminatoire et d’une Judenpoliîik avec le souci de ne pas heurter les sentiments des pouvoirs belges restés en place. Devant cette passivité résignée, les Juifs, livrés à eux-mêmes, n’auront d’autre alternative que de placer «spontanément la tête sur le billot» en acceptant de se soumettre au recensement obligatoire, mesure en soi bénigne dont nul ne pouvait alors imaginer les conséquences tragiques...

Jours de chagrin, jours de doute, jours de faim, jours d’angoisse. Le tableau de la Belgique en cette fin d’année 1940 est sombre. La seule éclaircie viendra de ceux pour qui ils sont - déjà - jours de refus et jours de lutte.
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