L’Histoire est faite d’anniversaires, l’édition de publications historiques n’échappe pas à cette règle.

Choisir le cinquantième anniversaire de l’entrée de la Belgique dans la Seconde Guerre mondiale pour lancer une nouvelle publication pourrait dès lors sembler être affaire de mode et déplorable manque d'imagination, quand les vitrines des libraires regorgent d’ouvrages de vulgarisation ou d’érudition tous consacrés à la période de notre passé qui conditionne sans aucun doute encore notre présent collectif.

Notre projet trouve sa justification dans le désir de prolonger et de compléter la série d’émissions de télévision produites par le Centre R.T.B.F.-Charleroi et celle d’émissions de radio du Centre R.T.B.F.-Mons. Sous le titre Jours de Guerre, elles mettent l’accent sur le vécu de la mobilisation, de la guerre, de l’occupation à travers les témoignages personnels d’acteurs et de témoins des événements, les images filmées et les archives sonores, voire les reconstitutions. C’est là une tâche d’une ampleur considérable et qui, à travers les expériences individuelles, rend un son «vrai». Et nous tenons à rendre ici un hommage à la mémoire de Jacques Cogniaux qui fut au sein de la R.T.B.F. le pionnier des émissions historiques, depuis la série «14-18» en 1964 jusqu’à la conception des présents Jours de Guerre, et qui fut un exemple de courage personnel, de probité intellectuelle et de conscience professionnelle. Sans lui, disparu trop tôt, Clio n’aurait pu s’accouder au balcon du petit écran. Merci pour l'Histoire, Jacques...

Notre souci est donc de prolonger et de compléter des émissions. Concrètement, il était impossible de reprendre et d'aligner tous les témoignages individuels recueillis, quel que fût leur intérêt, tout comme il était irréaliste de prétendre proposer une sorte d’encyclopédie purement historique de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, sans lien avec les émissions de télévision et de radio. Le lecteur, désireux de compléter son information sur tel ou tel aspect qui aura piqué sa curiosité ou suscité son intérêt, trouvera dans notre collection une série de «coups de projecteur». Rédigés par des historiens spécialistes du sujet traité, ils formeront chaque fois un petit dossier complet, tour à tour inspiré et complété par des extraits des interviews provenant des émissions. L’inégalité des temps forts et faibles de l’actualité au cours de cinq ans de guerre, l’impossibilité de traiter certains sujets selon un découpage strictement chronologique nous amènera, au fil des fascicules, à traiter de certains domaines comme de phénomènes étalés dans le temps, à nous livrer à une série de retours en arrière, à concentrer l’exposé sur un phénomène isolé pour sa valeur d’exemple ou de démonstration.

Cinquante ans se sont écoulés. Bien des témoins qui auraient pu parler ont déjà disparu. Cela donne tout son prix à la collecte patiente de témoignages effectuée par les dynamiques équipes R.T.B.F. de Charleroi et de Mons. Ils apportent à la reconstitution de la mosaïque du passé des fragments d’inégale valeur, d’importance variable mais dont aucun ne doit être négligé.

On définit parfois l'Histoire comme le récit explicatif des faits humains à portée sociale qui se sont déroulés dans le passé. Quelle période mieux que la guerre met à nu dans chaque homme ce qu’il recèle de meilleur et de pire, qui mieux qu’elle brasse et pétrit les sociétés, démontre leurs ressorts, révèle leurs faiblesses? Notre série ne sera donc pas uniquement consacrée aux seuls événements militaires mais laissera une place très grande au vécu quotidien, aux problèmes économiques et sociaux. Nous nous sommes également efforcés de trouver une iconographie relativement inédite, sortant des clichés habituels. Le Centre de Recherches et d’Etudes Historiques de la Seconde Guerre Mondiale s’efforce, depuis plus de vingt ans, de sauver pour la postérité les documents d’archives, les affiches, les photographies, les archives sonores, les interviews d’acteurs et de témoins. Il a été pour les efforts parallèles des équipes TV-Radio et de celles mettant sur pied cette publication du Crédit Communal un lieu de rencontre et d’échanges sans lequel notre tâche eût été impossible.