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Jours de Guerre, tome 8 - 1941 : Jours noirs
Broché / 152 pages / édition de 1992
langue(s) : français
collection : Jours de Guerre
numéro : 8
ISBN : 2871931712
EAN : 9782871931713
dimensions : 280 (h) x 210 (l) x 11 (ép) mm
poids : 700 grammes
DISPONIBLE
très bon état
17,95 EUR
Quantité:
référence : 1017385
Tous les prix incluent la TVA
Nos lecteurs s’étonneront peut-être de voir consacrer un numéro entier de Jours de Guerre au phénomène de la collaboration intellectuelle, politique et militaire en 1940-1941. La tâche des historiens n’est ni de condamner, ni d’encenser mais, tout simplement d’expliquer. A cinquante années de distance, l’on continue à s’étonner que des Belges aient pu, leur patrie envahie pour la seconde fois en vingt-cinq ans par le même agresseur, faire avec lui un bout de chemin plus au moins long, plus ou moins conscient qui les vouait à la réprobation de leurs compatriotes. A l’heure où des ombres de nouveau menaçantes se profilent à l’Est - de la Volga au Rhin -, il n’est pas sans intérêt de se pencher sur leur cas et de démonter les ressorts de leur action.

Certes, Nord et Sud du pays confondus, ils ne représentaient, même aux yeux des ardeurs répressives de I'après-1945, qu’une frange marginale de la population, coupée et isolée de l’opinion. Aux yeux de la loi, 53.005 Belges manquèrent, à des degrés et sous des formes divers, à leur devoir civique, soit très exactement 0,64% de la population (0,73% des Flamands, 0,52% des Wallons, 0.56% des Bruxellois). Pourquoi dès lors continuent-ils à fasciner à la fois la curiosité du grand public, des médias et des historiens? Le vice intrigue plus que la vertu, la déviance sous toutes ses formes que la normalité. Il y a aussi l'attirance pour l’inconnu, le désir de soulever le voile pudique que la Belgique officielle étendit sur eux, de pénétrer des labyrinthes supposés mystérieux, un certain voyeurisme un peu morbide entretenu par les pseudo-révélations que, depuis son exil madrilène, distille soigneusement, avec un flair d’ancien journaliste et de marchand de papier, le plus célèbre d’entre eux.

Nous avions fixé à cette série la mission de «faire le point» sur des sujets aujourd’hui encore controversés. 11 fallait qu’une vérité objective soit dite également sur la collaboration, sans égard aux clichés, aux vérités reçues, nais aussi en refusant les explications manichéennes dans l’un et l’autre sens.

Quelles qu’aient été leurs motivations - de l’illusion de sauver ce qui pouvait l’être à la tentation nihiliste de faire table rase du passé et de bâtir un «Ordre Nouveau» - une grande partie des collaborateurs n’avaient même pas le sentiment net, hormis parmi les dénonciateurs et les auxiliaires de basse police, de trahir réellement leur peuple, du moins au début de l’occupation. Vivant dans un monde volontairement clos intellectuellement et physiquement, ils n’entendaient pas le cri véritable de la population et de ses angoisses. Eux, qui ne parlaient que de chefs, d’élite, de visions audacieuses d’un futur dont ils croyaient pouvoir modeler le dessin, ne se rendaient pas compte souvent qu’au lieu d’être des artisans, ils n’étaient que des outils. Les outils des politiques souvent contradictoires des vainqueurs et de leurs multiples Dienststellen, de leurs rivalités politiques et personnelles, de la construction d’une Europe allemande et nationale-socialiste où leur poids propre et leur influence auraient été nuis. Mais aussi et surtout les enjeux et tout à la fois les moyens de chantage des ambitions effrénées de leurs propres dirigeants et de leur surenchère pour se faire bien voir de l’occupant. Parmi ceux que l’opinion appelait les traîtres, il y avait, sans qu’ils le sachent, beaucoup de trahis. Et celui-là même qui se disait leur Chef n’était souvent que le jouet de forces, d’entraînements qui le menaient toujours plus loin dans la spirale de la trahison en exploitant son imagination et son ambition.

Mais peut-on parler de libre arbitre quand, dans la coulisse, on s’ingéniait à brouiller les cartes et les consciences en couvrant du manteau du patriotisme réaliste une politique qui n’était que celle du moindre mal? Peut-on parler de choix réfléchi quand la presse, tel le chant des sirènes, déroute à l’envi? Quand, croyant servir, on n’était que serf? La collaboration des étés 40-41 avait peut-être eu des excuses et des illusions. Elle ne se rendit pas compte, trompée à la fois par les Allemands et par ses propres chefs, que jam foetet...
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