On a mis à l'honneur — et avec raison — nos imposantes cathédrales dont la beauté incontestée attire des foules sans cesse renouvelées. Grandioses, elles sont un peu comme les demeures d'un Dieu tonnant, d'un Dieu puissant, régnant très haut par-dessus les humbles créatures. Pour les édifier, il a fallu la volonté des rois ou des seigneurs, l'argent des masses, le labeur de centaines d'artisans.

Plus près, beaucoup plus près de nous sont les modestes chapelles égaillées par les champs, plantées au carrefour de deux chemins ou à l'ombre d'un arbre. Elles furent construites souvent par la volonté d'un seul homme ou d'une petite communauté rurale, soit en hommage à quelque saint patron, soit en témoignage de gratitude pour une faveur obtenue.

Quand nous voyons un de ces minuscules oratoires, isolé parmi les blés ou les épeautres, nous essayons d'imaginer le lointain ancêtre qui le fit construire, qui vint, à pas lents, suivre l'avancement des travaux et le jour enfin où, suivi des fidèles, le pasteur vint bénir la chapelle toute neuve, toute pimpante. Il y a de cela un, deux, trois siècles, parfois davantage; depuis lors, des hommes, des femmes y sont venus prier, déposer un fardeau souvent trop lourd en espérant quelque céleste intervention.

D'émouvantes chapelles au seuil poli par le passage de milliers de suppliants, notre beau Brabant en possède des centaines. Nous en avons repéré quelques-unes, mais nos découvertes ne sont pas limitatives; il en existe beaucoup d'autres. Du moins, nous l'espérons, aurons-nous attiré sur elles l'attention, non seulement des croyants mais de tous ceux qui sont sensibles à la beauté simple des choses et aux témoignages qu'à travers les siècles nos frères ont semés sur la terre brabançonne.

En rêvant à ces chapelles, nous nous sommes rappelé le temps — bien lointain déjà — où nous habitions Nivelles; nous avons revu en pensée Bois-Seigneur-Isaac. Hal et la route étroite qui reliait, en passant par Braine-le-Château, ces deux pôles du culte marial.

C'est à vélo que nous faisions nos promenades, par un chemin calme, tracé entre des champs vallonnés, un chemin où l'on respirait encore l'air pur de la campagne.