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Albert 1er et la Belgique de 1900 à 1930
Relié / 180 pages / édition de 1975
langue(s) : français
éditeur : Legrain
collection : Patrimoine
dimensions : 250 (h) x 215 (l) x 18 (ép) mm
poids : 710 grammes
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Bruxelles 1875 : on ne voit, Porte de Namur, que de rares fiacres et de somptueuses voitures noires, aux portières ornées d'un filet jaune, aux roues rouges, aux chevaux bichonnés de frais.

L'après-midi, les élégants et leurs épouses flânent dans les boutiques â pignons de la Montagne de la Cour. Il n'y a pas de grilles devant le Parlement, pas encore de sociétés coloniales dans les immeubles de la rue Royale.

Le palais du roi possède, à cette époque, une longue façade peinte en blanc.

Au Cercle Artistique, à côté du Théâtre du Parc, les peintres en vogue exposent des portraits, des paysages et des tableaux qui ont grand succès et qui représentent des singes habillés jouant du violon ou des chats portant des lunettes et lisant de vieux livres.

Des petits trams à chevaux sillonnent la ville et on les orne de guirlandes de rosés en papier, le jour du Longchamp fleuri.
Dans le kiosque du parc, le dimanche, des fanfares jouent des airs à la mode.

On admire au passage, la petite princesse Clémentine qui salue, bien droite, dans une Victoria de la Cour et on raconte que la reine Marie-Henriette confectionne ses chapeaux elle-même.

Au coin de la place Royale et de la rue de la Régence, du côté de la rue de Namur, s'élève un beau palais, celui de Philippe, comte de Flandre, et de son épouse, Marie de Hohenzollern.
Cette vaste demeure est un véritable musée. On y voit des collections de porcelaines, de statues, de meubles Empire et la bibliothèque ne compte pas moins de 30.000 volumes.

Le comte de Flandre est grand, paisible, avide de science et il passe des heures entières à lire les œuvres de Chateaubriand, de Thiers, d'Alexandre de Hum-boldt sans négliger, pour autant, le théâtre de Dumas.
En ce 8 avril 1875, Philippe est heureux. Il vient d'avoir un second fils : un superbe poupon, rosé, bouclé, blond.

D'emblée, il rêva pour son petit Albert d'une existence aussi agréable que la sienne. Lui, au moins, aurait le temps d'apprécier la bibliothèque paternelle, tandis que Baudouin n'en trouvera guère le loisir puisqu'il succédera, sans doute, à son oncle Léo-pold II. Baudouin est le fils aîné du comte de Flandre.

"Aux grandes manœuvres de Passenchendaele et de Westroosebeke, en 1890, à l'endroit que balayera plus tard l'offensive libératrice de 1918, le capitaine Baudouin de Belgique s'exerçait à son métier de soldat et de conducteur d'hommes. La pipe à la bouche et le verre à la main, dans la cuisine des presbytères ou des fermes où il établissait son quartier, il frayait avec les notables et les simples villageois, faisant la conquête de tous."

"Les soldats de sa compagnie de carabiniers l'adoraient..." écrit Allard de Bourghelles.

Mais, le 23 janvier 1891, à 1 h 45 du matin, Baudouin succombe, malgré les soins du docteur Mélis, à une crise aiguë de pneumonie infectieuse.

Albert, son cadet, régnera, donc, après la mort de Léopold II.
Albert qui n'a pas seize ans, lors du décès de son frère, est un adolescent sportif, curieux de mécanique et de zoologie. A sept ans il dessinait, déjà, des machines et des animaux...

Il a plusieurs professeurs : le capitaine Jungbluth auquel il confie en lui montrant les futaies des Amerois : "Vous comprenez que c'est surtout par devoir et par nécessité que j'étudie..."

M. Godefroid lui apprend les mathématiques, la grammaire et la géographie.

Le plus pittoresque des précepteurs d'Albert, c'est M. Sigogne, un Wallon de caractère joyeux et prime-sautier qui se voit chargé de former l'éloquence du prince et de lui donner le goût des belles-lettres.

Si le capitaine Jungbluth n'a aucune difficulté à [...]
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