L’Art en Belgique depuis 1975 est le prolongement naturel de L’Art en Belgique depuis 45 de Karel Geirlandt, ouvrage publié en 1983 par le Fonds Mercator et qui, épuisé depuis des années, est réédité aujourd’hui, sous une forme inchangée, à l’occasion de la parution de son cadet. Karel Geirlandt et ses deux coauteurs, Phil Mertens et Jean Dypréau, nous ont entre-temps quittés. Bien d’autres changements ont eu lieu depuis : de nouvelles générations d’artistes se sont manifestées et, plus que leurs prédécesseurs, ont trouvé le chemin de la scène artistique internationale. Cette situation nouvelle requérait une approche différente.

Même si un souci de symétrie a conduit au choix d’un titre à la consonance analogue - L’Art en Belgique depuis 1975 -, le présent ouvrage se distingue, dans sa conception, de son prédécesseur. Malgré des parallélismes évidents - la division en deux grandes parties : l’une réservée aux essais, l’autre à un aperçu chronologique détaillé -, les différences sont importantes. Ainsi, d’une part, la présence d’art étranger en Belgique (expositions) et les comparaisons entre la situation belge et la situation à l’étranger sont des sujets délibérément écartés ; d’autre part, l’organisation de cette section n’obéit pas à un critère chronologique.

Il est clair qu’à partir des années 80, la disparition de courants et de styles internationaux ainsi que l’individualisation poussée de la création artistique rendent l’approche chronologique impropre à la présentation de l’évolution de l’art du dernier quart du xxe siècle, ce qui ne vaut d’ailleurs pas pour la seule Belgique. A la lumière de ce pluralisme stylistique, la préférence a été accordée à une approche thématique dans la première partie qui voit plusieurs auteurs, choisis en accord avec l’éditeur, aborder des thèmes et des tendances qui apparaissent en filigrane dans la production artistique de ces vingt-cinq dernières années. Après une introduction consacrée aux heurs et malheurs de l’art belge durant la période concernée (Florent Bex), l’attention se porte sur les rapports des artistes belges avec la réalité (Florent Bex) et leur conception de la relation entre l’art et la vie (Lieven Van Den Abeele). Sont abordés ensuite les aspects écologiques de l’art (Johan Pas), de même que les relations entre le mot et l’image (Michel Draguet) et entre art et photographie (Johan Pas). Enfin, sont mis en lumière le développement de l’art vidéo (Michel Baudson), l’importance des pouvoirs publics en tant que commanditaires (Katrien Laenen) et la problématique du musée dans l’art belge contemporain (Michel Draguet).

Le choix d’une approche thématique dans la première partie et la liberté rédactionnelle dont ont disposé les auteurs des essais ont fatalement entraîné quelques lacunes. C’est pourquoi l’aperçu chronologique comprend des illustrations et/ou de brefs textes explicatifs dus à différents auteurs (voir liste p. 197) et relatifs à des artistes, tendances, groupes qui sont tombés entre les plis dans la première partie.

Ces adjonctions concernent d’ailleurs également plusieurs artistes, parmi lesquels Panamarenko, Marthe Wéry, Raoul De Keyser et Roger Raveel, qui, bien qu’ils soient restés actifs (et pour certains d’entre eux, aient produit leurs meilleures oeuvres) durant la période traitée, avaieiît déjà atteint leur maturité artistique avant 1975 et sont par conséquent abordés en détail dans l’ouvrage de Karel Geirlandt.

Leur œuvre n’est généralement pas commenté séparément, mais la liste de leurs expositions et plusieurs reproductions de leurs réalisations figurent dans la seconde partie de ce livre.

Cette seconde partie, la Chronologie (Lieve De Deyne), propose un aperçu de faits et surtout une sélection impressionnante d’expositions organisées tant en Belgique qu’à l’étranger et consacrées à - ou comprenant - des artistes belges. Elle comporte une documentation photographique tout aussi imposante.

Un livre comme celui-ci n’est utilisable que si les trésors d’information qu’il contient sont rendus accessibles de la façon la plus simple. D’où l’adjonction d’une Bibliographie générale sommaire et de deux registres. La bibliographie (pp. 404-408) comprend des publications non monographiques (livres, catalogues, articles, revues) pour autant qu’elles ne soient pas déjà mentionnées dans les notes des diverses contributions. Des données bibliographiques complémentaires figurent dans la Chronologie (qui indique pour d’innombrables expositions le nombre de pages du catalogue d’accompagnement) et dans la Liste des oeuvres reproduites et monographies