On ne peut pas écrire l'histoire de la photographie en se fondant sur les photos prises à Bruges. De même, la relation entre la photographie et une modernisation urbaine restreinte a abouti à peu de résultats concrets. Mais la mobilité, le désir d'information et la commercialisation qui s'ensuit expliquent pourquoi, entre 1847 - l'année où la plus ancienne photo de la ville de Bruges voit le jour - et 1918 - date après laquelle c'est surtout la photographie, plutôt que la ville elle-même et son architecture, qui déterminera la façon dont la ville apparaît -, Bruges constitue un exemple type des plus instructifs du champ de tension entre les différentes photographies commerciales. En effet, une fois oubliée la réalité socio-urbaine, choisi l'objectif, établi le diaphragme et déterminée la mise au point, nous ne voyons plus que des reflets : images qui doivent fournir la « preuve » vivante d'une Bruges en tant que phantasme du passé, miroitement destiné à un public qui ne se doute de rien.