Dans nos villages, le moulin occupait une place particulière. Par sa localisation, bien sûr. Par son architecture, qui le différenciait de la plupart des autres bâtisses. Mais aussi par sa fonction nourricière. Dans un système d'économie en circuit court - qui revient aujourd'hui -, le moulin était le maillon indispensable entre les champs - la moisson - et l'assiette, le pain étant alors l'élément de base de l'alimentation.

À cette fonction première, le moulin ajoutait d'autres flèches à son arc économique : il pouvait être, aussi, scierie, usine à papier ou à tissus...

Dans notre Wallonie veinée de mille ruisseaux et rivières, des moulins se sont nichés par centaines au creux des vallées. Des moulins forts en pierre, qui malgré cela tremblaient quand l'eau actionnait la roue. Des moulins qui sont aussi et surtout autant d'histoires de femmes et d'hommes, de passions et de travail.

Enfant, le Condroz fut mon terrain de jeu estival, entre la ferme de mes grands-parents paternels à Ouffet et le « café-hôtel » de mes grands-parents maternels à Hout-si-Plou, un nom que l'on retrouve çà et là, toujours où il y avait un moulin, et qui reprend une expression « écoute s'il pleut» dont on dit qu'elle était utilisée par les meuniers pour savoir si, l'eau revenant ou pas dans l'écluse, ils allaient pouvoir (ou devoir) se remettre au travail. C'est à ce Condroz-là, qui s'évanouit les pieds dans l'Ourthe, que Jacky Adam consacre cet ouvrage, sixième tome du passionnant voyage qu'il a entrepris sur les traces des moulins et des hommes.