En Occident, nous sommes depuis longtemps tributaires de l'écrit. C'est dire que dans le domaine de l'Histoire, les archives revêtent une valeur toute particulière. Il n'en demeure pas moins que lorsqu 'on aborde le créneau de l'histoire locale, on ne tarde pas à se rendre compte de l'importance et de l'intérêt de la tradition orale.

De prime abord, cela peut paraître paradoxal: au seuil du XXIe siècle, quel crédit peut-on encore accorder à la parole de quelques anciens dont les souvenirs, les années aidant, s'estompent dans les brumes d'un imaginaire quelque peu "redoré" par le recul?

Mais il y a beaucoup plus qui est en jeu. Comme le fait remarquer fort à propos l'introduction, il y a seulement un siècle, une bonne part de la population de nos régions était encore quasiment analphabète, certainement en milieu rural. De ce fait, tout phénomène à priori inexplicable engendrait l'inquiétude, voire la peur et suscitait un comportement de panique ou encore de suspicion.

D'autre part, le mode de vie de l'époque suscitait bien davantage la communication qu'aujourd'hui. Il en résulta une riche tradition orale qui, eu égard à l'appauvrissement progressif de notre imaginaire, sombre peu à peu dans l'oubli, ce qui à terme signifierait la disparition de tout un pan de notre mémoire collective...

Et c'est bien là le réel mérite de ce florilège de récits traditionnels patiemment collectés, comparés et replacés dans leur contexte par Pierre Van Nieuwenhuysen. En historien accompli, il a su donner à sa présentation une dimension didactique qui actualise ces récits d'une autre époque auprès d'un public de jeunes. On ne saurait trop insister sur l'impérieuse nécessité qu'il y a à transmettre l'intérêt pour l'Histoire aux générations futures.

C'est chose faite par le biais d'un recueil qui se lit comme un roman policier!