Le patrimoine militaire de Wallonie, bien que très souvent méconnu, est important, riche et diversifié. C'est ce que prouve cet ouvrage de prestige qui s'inscrit dans le prolongement du thème des Journées du Patrimoine consacré, en cette année 2007, au patrimoine militaire. La sélection des monuments s'est faite sur la base combinée, d'une part, de la liste des biens classés en Région wallonne francophone, d'autre part, des notices de l'inventaire du Patrimoine monumental de la Belgique. Wallonie, tout en consultant des ouvrages récents. Il a donc été tenu compte de l'état actuel de la recherche scientifique.

Avant de prendre en considération la manière dont cet ouvrage a été conçu, il faut encore s'entendre sur la notion de patrimoine militaire car il faut bien l'avouer, ce n'est pas un thème facile : il couvre de nombreuses périodes depuis l'ère préhistorique jusqu'aux guerres du XXe siècle et il concerne une grande variété de sites ou monuments. Appliquer à l'histoire de l'architecture militaire une période historique restreinte reviendrait à faire fi, par exemple, du camp romain «LeCastelet» à Rouveroy (Estinnes) ou de la caserne Fonck à Liège ; tout comme appliquer une typologie stricte reviendrait à éliminer la tour de l'église de Florée (Assesse) ou la motte de Celles (Faimes). C'est évidemment inconcevable et, c'est pourquoi, notre regard portera sur le patrimoine militaire au sens large.

Nous nous attarderons ainsi non seulement sur les forts, les fortifications et les casernes, mais aussi sur les mottes, les bâtiments d'intendance ou les monuments commémora-tifs de l'époque préhistorique jusqu'à nos jours. Tous ces bâtiments et tous ces sites sont intimement liés aux grands événements de notre passé. Ils marquent encore de manière indélébile les paysages de nos campagnes et ils contribuent aussi à la configuration même de certaines de nos villes.

Il était néanmoins impossible que ce nouvel ouvrage de prestige envisageât, même de manière succincte, l'ensemble des édifices repérés. Il fallut donc opérer un choix selon des critères qui vont être définis. D'emblée, l'objectif que nous avons souhaité assigner à cet ouvrage, en plein accord avec Monsieur Freddyjoris, Administrateur général de l'Institut du Patrimoine wallon, était de faire une présentation raisonnée du caractère multiforme du sujet traité. C'est pourquoi les monuments et sites retenus ont été groupés en cinq grands chapitres, qu'il y a lieu d'expliciter à ce stade, tout en justifiant concrètement la sélection proprement dite des édifices.

Afin de présenter un panorama représentatif du patrimoine militaire wallon, nous avons adopté un canevas se rapprochant de celui adopté par le livre de prestige précédent consacré au patrimoine médiéval et ce, en gardant cette volonté de mettre à la disposition du grand public un instrument de haute vulgarisation. Ainsi, le premier chapitre est composé de cinq synthèses consacrées aux grandes étapes de l'histoire militaire de Wallonie par d'éminents spécialistes. Ainsi, Marcel Otte, Professeur de Préhistoire à l'Université de Liège, expose les origines de la guerre ainsi que les grands principes la régissant aux périodes préhistoriques et protohistoriques. Dans la seconde synthèse, Raymond Brulet, Professeur à l'Université catholique de Louvain, précise l'art de la guerre à la période gallo-romaine, période un peu oubliée en Wallonie. Les batailles, les sièges, les fortifications ainsi que les dispositifs militaires sont explicités de manière claire et précise grâce notamment à renonciation des sites gallo-romains wallons toujours existants. Ensuite, Johnny de Meule-meester, Docteur es Lettres et Chargé de Recherches à la Direction de l'Archéologie, et Philippe Mignot, Archéologue et Attaché à la Direction de l'Archéologie, rappellent le trait guerrier de la société médiévale. En effet, avec la naissance de la seigneurie banale, au milieu du XIe siècle, le caractère militaire de la société médiévale va se matérialiser dans le paysage par l'érection des tours et des donjons, puis, avec le développement des cités, par la construction d'enceintes [...]