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Sud-Ubangi : Bassins d'eau et espace agricole
Broché / 464 pages / édition de 2013
langue(s) : français
numéro : 4
ISBN : 2875930141
EAN : 9782875930149
dimensions : 297 (h) x 210 (l) x 27 (ép) mm
poids : 1360 grammes
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La dénomination « Ubangi » est partagée, depuis 1977, par deux districts de la République démocratique du Congo, le Nord-Ubangi et le Sud-Ubangi, désignés ainsi en raison de leur position géographique par rapport à la rivière homonyme. Cette recomposition administrative trouve son explication dans l’expérience de décentralisation initiée au cours de la Première République (1960-1965), lors de laquelle de nombreux conflits frontaliers avaient éclaté dans la province de l’Équateur. Les territoires ngbandi ont ainsi fait l’objet d’un déchirement entre les « nouvelles » provinces ou ont même été disputés par certains peuples s’attribuant le rôle de leadership local.

Lové aux confins du Congo dans le coude de la rivière Ubangi, le district du Sud-Ubangi détonne par la vitalité de sa population dans un espace nord-ouest caractérisé ailleurs par de faibles scores démographiques. L’occupation du territoire est toutefois inégale : aux espaces à domination ngbaka correspondent des auréoles à forte concentration de population, qui forment un dégradé de densités au départ de Gemena vers l’ouest et le nord ; à l’opposé, la région savanicole du nord du territoire de Libenge et les zones marécageuses de la Ngiri dans la partie sud du territoire de Kungu sont autant d’espaces de vastes solitudes.

Le Sud-Ubangi ne se réduit pas aux seuls Ngbaka. Dans sa partie méridionale en particulier, se côtoient diverses communautés : Ngbandi, Ngombe, Mbandja (ou Banza), Bambenga (Pygmées) ou encore tous ceux appelés indistinctement « Gens d’eau », « Gens des marais » ou « Habitants de la Ngiri », pour désigner les populations occupant principalement la région marécageuse entre l’Ubangi et Le fleuve Congo. Parmi celles-ci, se trouvent notamment les Libinza, les Bamwe, les Bomboma et les Lobala, ces deux derniers groupes étant directement impliqués dans le conflit dit « des Enyele ».

Aux populations résidentes s’ajoutent les commerçants voisins et étrangers que la situation particulière du district ne manque pas d’attirer : sa proximité avec Bangui positionne en effet le Sud-Ubangi dans un couloir d’échanges septentrional est-ouest s’étirant de l’Ituri à l’Ubangi (Butembo, Béni, Lisala, etc.) et qui brasse autour du centre névralgique de Gemena et de la ville-frontière de Zongo, des commerçants nande, soudanais, centrafricains, tchadiens, etc. Ceux-ci organisent l’exportation des productions agricoles de la région en contrepartie de produits manufacturés en provenance de la RCA (détergents, produits de beauté, etc.) ou de l’Est africain (motos, camions, etc.).

L’économie s’est bâtie dans le passé sur les ressources pédologiques, qui ofit longtemps fait du district un grenier régional, alimentant notamment les industries agro-alimentaires et les marchés de la capitale en huile de palme et en maïs. La dégradation des moyens de communication, l’impéritie politique et économique de la transition manquée auxquelles se sont ajoutées les vicissitudes de l’occupation par le MLC, ont coupé la région de son exutoire traditionnel ; économiquement, malgré un certain rétablissement des relations commerciales avec Kinshasa, celle-ci navigue désormais en périphérie de l’espace national, davantage attirée par la zone du franc CFA (République du Congo, RCA). La longue décennie du chaos a décapitalisé son économie, l’activité agricole s’étant contractée en une agriculture de subsistance, à l’exception du café et du maïs, longtemps tenus à bout de bras par le CDI-Bwamanda et Scibe, principaux acteurs sociaux et économiques dans la région. Aujourd’hui, le secteur moderne, autrefois important dans les cultures de rente comme le café, l’élæis, le caoutchouc ou le cacao, est réduit à sa partie congrue, et l’agriculture traditionnelle qui l’a supplanté de longue date apparaît sous-équipée, sous-financée et mal on non encadrée ; dans une région où plus de 75 % des ménages ont pour principale source de revenus la vente de leurs produits agricoles, ceux-ci ne suffisent pas pour s’acquitter des frais de scolarisation, des soins de santé et, pis encore, pour leur assurer une alimentation équilibrée. L’entreprenariat existe, mais reste embryonnaire et trop faiblement structuré que pour peser véritablement dans l’économie régionale.

C’est sans conteste sur le socle de l’agriculture que reposent les conditions du redressement économique. Celui-ci passe immanquablement par une revalorisation du travail agricole, par une stabilisation durable de la sécurité, et par la réhabilitation et l’entretien des infrastructures de transport, au premier rang desquelles les routes de dessertes agricoles, la liaison routière Gemena-Akula, le désensablement de l’Ubangi et les installations portuaires d’Akula et de Mogalo, en vue de faciliter l’évacuation des produits de l’arrière-pays vers les centres'de consommation et d’améliorer les termes de l’échange pour le producteur.
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