Dernier survivant des innombrables journaux apparus au lendemain de la Libération, Pan est un phénomène unique dans l'histoire de la presse belge. Inventé en janvier 1945 par trois chansonniers dont le principal but était d'amuser, pris en charge trois ans plus tard par un magistrat que les circonstances avaient obligé à se reconvertir dans l'édition, il allait devenir l'écho hebdomadaire et nécessaire, drôle et féroce, méchant mais le contraire de bête, de tout ce qui, dans le pays, a de l'importance - ou croit en avoir.

Le monde de Pan, c'est celui de ses animateurs et de ses collaborateurs, réunion de marginaux surdoués, concentration de talents dont le journalisme belge n'offre pas d'autre exemple. C'est aussi le milieu où il trouvait ses lecteurs et le monde de ses informateurs et de ses victimes - qui étaient parfois les mêmes !

Pan a beaucoup évolué depuis 1945, et traversé quelques orages. Il est indispensable, mais pas indiscutable; lui aussi peut se voir l'objet de critiques ou de railleries. Mais «l'hebdomadaire satirique» autrefois du mercredi, aujourd'hui du jeudi, reste, dans le paysage médiatique belge, un signe de santé et un acteur dont on ne saurait se passer - notamment parce que, s'il n'est pas indifférent au sens de l'histoire, il préfère à tout le sens de l'humour.