Il fut un temps où les Bruxellois se précipitaient chaque jeudi sur le Pourquoi Pas ?, moins pour y découvrir l'actualité hebdomadaire que le nouveau Dialogue de la semaine imaginé par Virgile.

Ces sketches désopilants se déroulaient très souvent «sur» un tram généralement archi-bondé, à une heure de pointe. Virgile ne réglait pas seulement ses comptes avec les «receveurs», personnages emblématiques de cette époque où Bruxelles brusselait: toute l'administration «recevait son paquet» et surtout celle des impôts, avec ses fonctionnaires bornés et tatillons. Les tribunaux eux aussi faisaient partie des décors de prédilection dans lesquels Virgile croquait ses personnages à la langue aussi verte que bien pendue.

Toutes ces scènes populaires se retrouvent dans le premier recueil de Dialogues de la semaine, choisis, commentés et «traduits» par Georges Lebouc qui a publié précédemment les Fables complètes du même Virgile.

Léon Crabbé (1891-1970) choisit d'abord de s'appeler Noël Barcy, l'anagramme de son nom, avant de prendre le pseudonyme de Virgile. Si tous les Bruxellois d'un certain âge se souviennent avec nostalgie des célèbres Dialogues de la semaine qu'il signait dans le Pourquoi Pas?; on sait moins qu'il eut une activité de revuiste pour les innombrables music-halls bruxellois de l'avant et de l'après Deuxième Guerre mondiale.

Hormis les textes de quelque 700 chansons, ainsi qu'une cinquantaine de fables, inspirées de La Fontaine ou d'inspiration personnelle, il composa près de 500 sketches dialogues que le Pourquoi Pas? continua de publier jusqu'en 1988, dix-huit ans après la mort de leur auteur!