La forêt, c'est l'enfance de l'humanité. Pour cette raison, sans doute, ressentons-nous tous sous la nef sylvestre une ferveur, une émotion qui dépassent le simple plaisir de se retrouver dans un environnement de verdure. Dans ces moments-là, il nous prend l'envie de respirer profondément, de nous asseoir et parfois d'abandonner la ville à elle-même. Mais à y bien regarder, nous ne quittons pas la cité, puisqu'un tiers de la forêt de Soignes fait partie intégrante de la Région de Bruxelles-Capitale.

Flâner dans la cathédrale de hêtres, c'est donc, d'une certaine manière, se promener en ville ! C'est assister au grand spectacle de l'évolution commencé voici des dizaines de milliers d'années d'ici. Une évolution qui a vu la forêt de Soignes se métamorphoser à maintes reprises. Aujourd'hui, elle couvre plus de 4000 hectares, et sa renommée dépasse largement nos frontières.

Pour nous, Bruxellois, la forêt de Soignes joue deux rôles essentiels. Le premier est récréatif: les promeneurs, les joggeurs, les scouts, les vététistes et les cavaliers s'y donnent régulièrement rendez-vous pour de longs périples. Outre l'apprentissage de la nature et de sa biodiversité, les abords de la forêt de Soignes abondent en lieux historiques comme Rouge-Cloître, Val Duchesse ou le musée de Tervueren.

Le deuxième rôle de cette forêt est environnemental. Poumon vert de la capitale, elle produit de l'oxygène, fixe les poussières et régule les eaux dont 5 % seront consommées dans notre Région. La forêt constitue un refuge précieux pour la faune et la flore. Lorsque, au cœur de l'été, on s'émerveille devant ses multiples fleurs, ses tapis de fougères et que, tout à coup, surgit un chevreuil disparaissant comme un rêve sous la ramure des arbres, alors on peut se croire transporté ailleurs. Et pourtant, nous ne sommes qu'à 10 kilomètres du centre de Bruxelles !

Cette proximité n'est pas sans périls. Certes, elle vaut à la forêt de Soignes l'admiration et la fidélité de près de 2 millions de visiteurs par an et il n'est pas rare qu'on rencontre dans ses sous-bois des ressortissants de l'Asie du Sud-Est fixant sur la pellicule les marées blanches des anémones.ou les vagues bleues des jacinthes des bois. Mais, je le répète, cette fascination n'est pas sans dangers. Il y a le piétinement, les profondes rainures creusées par les pneus des vélos, les déchets que laissent après eux les négligents, les jeunes plantes foulées par des promeneurs peu attentifs.