Contrairement au gouvernement Pierlot pendant la Seconde Guerre, le gouvernement Broqueville, malgré l'« Union sacrée » décrétée par les partis politiques en 1914, fut le théâtre de tensions très vives entre ses membres. Jusqu'en 1917 ces luttes se situent principalement sur le plan de la politique étrangère. Cependant la proclamation de l'autonomie de la Flandre par le « Raad van Vlaanderen » le 22 décembre 1917 sema la panique au sein du gouvernement belge.

Grâce au dépouillement scrupuleux d'archives pratiquement inaccessibles jusqu'il y a peu, nous sommes maintenant au courant des délibérations et tractations qui déchirèrent ce gouvernement. .Ainsi nous connaissons enfin l'attitude précise du roi Albert dans la Question flamande : une attitude moins encline à faire des concessions que ne le souhaitait le chef du cabinet Charles de Broqueville.

Au moment de la libération, les « conversations de Loppem » au cours desquelles le roi fit, en l'absence du parlement et du gouvernement, des concessions à l'opposition libérale et socialiste, signifièrent pour les aspirations flamandes l'échec le plus total. L'intérêt se tournait désormais vers des sujets plus brûlants, en premier lieu la question sociale. Personne ne semble avoir eu pleinement conscience à l'époque du fait que la Question flamande était elle aussi une question sociale.

En dévoilant le mécanisme interne du gouvernement et les influences qu'il subit, ce livre démontre combien est fragile la démocratie parlementaire bourgeoise quand tous les rouages de l'appareil ne sont pas en état de remplir leur fonction. À cet égard, il peut être utile pour aider à comprendre ce qui se passe aujourd'hui...