Les personnes âgées ont toujours de vieilles histoires passionnantes à raconter. Un paysan se remémore sa vie, ses bêtes, son travail et toutes les difficultés qu’il a affrontées dans sa ferme. Il suffit alors de savoir écouter pour s’apercevoir que le milieu rural a su transmettre oralement les traces de son passé.

Beaucoup de collecteurs de traditions se sont intéressés au chant populaire. Prenant exemple sur ce modèle, dans le cadre d’une thèse de doctorat vétérinaire, nous avons eu l’idée d’un collectage sur les traditions liées aux maladies des animaux. Le sujet se révélait très riche en informations puisque des remèdes populaires, des rituels religieux et des rituels magiques étaient employés autrefois pour tenter de faire disparaître les maladies. C’était également l’occasion d’aborder le problème particulier de la sorcellerie et des guérisseurs. Les langues se déliaient alors d’autant plus facilement que nous évoquions ces évènements comme des faits du passé. Cette recherche nous a amené à découvrir que les sorciers et les guérisseurs tenaient une place importante dans la société rurale du milieu du xxe siècle.

Vétérinaire de formation, Christophe Auray exerce en Bretagne, au contact quotidien avec la population rurale. Il collecte ainsi depuis dix ans les traditions populaires et les rapports complexes des hommes avec les animaux et la nature.