Aussi loin que remontent mes souvenirs d'enfance je retrouve la mer, avec son grondement sourd et son odeur d'iode si particulière à la Bretagne.
Avant même de savoir marcher, c'est dans les bras de ma mère que j'effectuai ma première sortie à bord du vieux voilier paternel. C'était à la pointe Saint-Gildas, à l'embouchure de la Loire.
Sans vouloir expliquer aussi simplement ma vocation de marin et de coureur des océans, je pense que le cadre de mon enfance, le goût prononcé de mon père pour la voile et la mer ont fortement pesé sur le choix de ma carrière. Que peut-on souhaiter de mieux qu'un métier qui soit à la fois l'idéal et la passion d'une existence ?
Ne doutant de rien, je voulais devenir amiral. A mes yeux, le long cheminement, la préparation, les études, le passage des grades, rien n'existait. Je me voyais amiral, commandant une flotte. Nous vivions en période de guerre (1939-1945) et je rêvais de combats navals.
Malheureusement, la France perdit la première manche en 1940 et les Allemands occupèrent notre pays. D'oiseau libre que j'étais, je dus me plier, comme les autres, aux nouvelles règles : interdiction de naviguer, sauf pour les pêcheurs professionnels, étroitement surveillés par l'aviation allemande et les flottilles de gardes-côtes. Le bateau familial gisait abandonné dans une vasière.
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