La présente chronique de la vie des passeurs montzenois pendant la guerre 1940-1945 a été rédigée en faisant fi du danger émanant de l'occupant nazi qui, de prime abord, a considéré la région des 'dix communes' patoisantes comme faisant partie du Reich.

Germaine n'a que 17 ans lorsqu'elle commence à noter minutieusement dans des agendas (Taschenbuch für Tierärzte) des "Behringwerke" I.G. Farben, inutilisés par son père, le Dr vét. Gustave Demoulin, toutes les péripéties des passeurs locaux prenant à cœur le sort des soldats français évadés des camps rhénans. Sous le choc de l'émotion, la jeune fille relate ensuite comment le réseau a été démantelé: les frères Victor et Martin Hissel (02-04-1943), son père Gustave Demoulin (20-05-43), le vicaire Jean Arnolds (22-06-43) et son père Jean Hubert Arnolds (09-09-43) sont à tour de rôle emmenés par la Gestapo suite à la dénonciation par un voisin. Sidérée, la jeune fille attend le retour de son bien-aimé papa, l'arrivée des libérateurs, la fin de la guerre...

Environ une cinquantaine d'évadés français ont été secourus par Germaine, par sa famille, par leurs connaissances. Deux d'entre eux, Robert Felut et Georges Diez, ont pu nous confirmer les dires de la jeune fille lors de notre hommage rendu aux passeurs montzenois en mars 1990 sous la devise "Honneur aux Passeurs". Leur témoignage oral ainsi que ceux d'autres témoins seront édités sur un CD, si les lecteurs de notre livre le désirent.

Le Journal de Germaine Demoulin, édité grâce au soutien du Service Culture de la Province de Liège, reflétant la vie journalière dans une région belge sous le régime particulier d'annexion, appartient d'ores et déjà à la mémoire collective de cette contrée toujours frontalière au pied des Trois Bornes.

Mais notre édition, richement illustrée, ne s'adresse pas seulement à ceux qui ont dû souffrir les affres de la guerre. Nous avons, avant tout, voulu fournir aux jeunes générations un véritable dossier pédagogique qui documente l'action humanitaire d'une jeune fille de chez nous, et cela dans le seul but d'empêcher à l'avenir toute discorde entre les peuples.