Sous la Restauration et la monarchie de Juillet, l'ancien comté du Périgord reste une région où un jeune « drôle » comme Jacquou le Croquant peut encore librement courir à travers bois et landes.
Ce Périgord d'avant les chemins de fer, fidèlement évoqué dans le roman célèbre d'Eugène Le Roy, est encore imprégné de survivances d'une féodalité officiellement abolie. Si les ultras tentent maladroitement de remettre la province au pas, le goût demeure de la liberté entrevue en 89 ; résistance et jacqueries paysannes en témoignent. Trouble du clergé nervosité des vieilles familles, désarroi de l'administration sont autant de signes de la crise en ce tournant du siècle.
Le progrès technique est en marche, engendrant maintes transformations : l'agriculture évolue avec l'introduction de plantations nouvelles, maïs et pomme de terre, ou l'expérimentation des prairies artificielles; les bourgs, à l'étroit dans leurs limites, éclatent en tous sens. De nouveaux notables font leur apparition qui, tel le « père Bugeaud », gros propriétaire, doivent leur ascension à ¡'Empire.
On n'en continue pas moins, dans les campagnes, à croire en l'existence des lébérous et à se protéger des sorts par de pieux pèlerinages. Dans l'ombre des forêts, se cachent toujours braconniers, charbonniers et brigands de grand chemin. Quant aux petites gens, leur vie n'a guère changé, elle s'égrenne en dures privations entrecoupées de joyeuses bombances, avec ses longues veillées des soirs d'hiver où, jusqu'à la fin du siècle, on entendra encore, dans la forêt voisine, hurler les derniers loups.
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