A l’heure où la gare de l’Est voit sa vocation européenne s’affirmer, le moment semble venu de poser son regard sur la vie des lignes de chemin de fer dont elle est l’origine.

Ce livre propose de vivre au rythme des rails qui s’élancent vers Strasbourg ou Mulhouse, à travers des images pour la plupart inédites, en se limitant au territoire de ce que fut le 1er arrondissement dans la grande Région Est de la SNCE Les trains vont ainsi mener le lecteur jusqu’à La Ferté-Milon, Château-Thierry, Sézanne et Longueville.

Nous avons d’emblée choisi de nous attacher à la période allant de 1950 à 1975, même si les temps plus anciens ne sont pas absents et que l’époque moderne est évoquée. Cette période qui nous a conquis est à la fois caractérisée par la diversité des modes de traction, qui passe de l’hégémonie de la vapeur au diesel et à l’électrique, et par un environnement ferroviaire encore proche de ses origines, en fait encore très estampillé Est.

Notre désir a été de trouver ce qui pouvait le mieux replacer le chemin de fer dans son environnement humain, comme la présentation de la vie d’une gare de la Région Est ou l’évocation du tournage, en partie à Vaires, du film Le Train, sur la résistance des cheminots.

Le choix de présenter des clichés, dont la moitié sont en couleur, dans un format généreux est celui qui nous parut le plus opportun. La photographie est, au-delà du talent de l’opérateur, un document qui raconte une histoire. C’est la raison pour laquelle nos légendes sont denses, car nous avons voulu, en accord avec l’image, ajouter le plus d’informations possible. Nous avons été guidés dans cette tâche par André Jacquot, spécialiste incontesté du chemin de fer, qui possède, outre une véritable mine d’archives soigneusement classées, une mémoire précise de l’époque où il fut contrôleur de route sur les lignes de l’Est.

Les locomotives à vapeur occupent délibérément une place de choix, parce qu’elles suscitent toujours autant d’enthousiasme. A ce sujet, nous avons reconstitué, avec le plus de rigueur possible, l’état des neuf dépôts avec leurs 6130 locomotives à vapeur à compter du 1er janvier 1945. Aussi, nous exprimons toute notre gratitude aux deux spécialistes qui nous ont ouvert leurs archives et prodigué leurs conseils : Bernard Collardey, qui fit une somme de travail unique au début des années soixante sur la carrière des locomotives, automotrices et autorails français, et Francis Villemaux, spécialisé dans l’histoire des dépôts vapeur et de leurs machines, avec la dimension humaine qui lui est si chère. Nous espérons ainsi que les lecteurs auront autant de plaisir à lire ce livre et à contempler les photographies que nous en avons eu durant les heures de recherches et de mise en forme, au point que les locomotives et les gares d’un autre temps étaient devenues celles de notre quotidien.

Maintenant, c’est l’heure du départ empanaché dans des voitures vert foncé, quand la campagne si proche de Paris vivait au rythme de l’angélus, au temps des gardes-barrière et des casquettes étoilées.