Dès le moment où le programme de l’ouvrage collectif La Wallonie. Le Pays et les Hommes a été conçu et que les responsabilités des directeurs scientifiques ont été définies et réparties, ceux-ci sont immédiatement tombés d'accord sur un point essentiel : si les trois volumes consacrés aux lettres, aux arts et à la culture formaient le complément naturel et nécessaire des deux premiers, leur conception comme leur réalisation devaient être menées en toute indépendance d’esprit et n’étaient pas nécessairement liées par la structure et l’orientation des chapitres antérieurs dans lesquels l’accent avait été mis avec force, par une équipe homogène, sur les aspects politiques, économiques et sociaux de l’histoire des provinces wallonnes.

Indépendance et autonomie ne signifient pas que les trois responsables ont travaillé dans l’ignorance de leurs projets respectifs. Différents contacts leur ont permis de s’assurer de la marche de l’ensemble. D’autre part, les directeurs des trois volumes culturels ont pu disposer des épreuves des volumes historiques. Cette coordination était d’autant plus utile que certaines matières, traitées dans la perspective de l’histoire proprement dite, ont été, parfois, reprises dans notre domaine. Avec cette nuance, capitale il est vrai, qu’elles l'ont été sous un éclairage différent. C’est ainsi que les périodes celtique et romaine ont été réétudiées en insistant sur les faits artistiques et culturels qui, à travers les siècles, ont contribué à modeler le visage spirituel de la Wallonie d’aujourd’hui. L’excellent chapitre consacré par André Dasnoy aux Mérovingiens nous a considérablement facilité la tâche, puisque l'on a pu se contenter de ne mettre en valeur que ce qui est caractéristique de la civilisation mérovingienne, à savoir les armes, l’orfèvrerie, les bijoux.

Les considérations relatives à la préhistoire ne figuraient pas dans le premier volume historique. Nous avons estimé qu'elles avaient place dans le nôtre, notamment parce que ces époques éloignées, encore trop mal connues, ont fourni le substrat lointain de la Wallonie: on peut établir tout naturellement, par exemple, le lien existant entre les carrières d’extraction du silex à Spiennes au temps du paléolithique et les industries d’extraction qui vont creuser le sol wallon depuis le moyen âge jusqu'à nos jours.