Nous vivons actuellement en 1981 des moments parmi les plus sombres de l’histoire économique de notre région.

La crise frappe très durement.

Concordats, faillites, fermetures sont des termes qui doivent trop souvent être appliqués à nos entreprises.

La population sait qu’ils entraînent inéluctablement des conséquences sociales dramatiques.

Elle vit dans l'inquiétude.

Le mot restructuration éveille même des craintes car il sous-entend des suppressions d’emplois.

C’est dans ce contexte sombre que le Cercle d’Histoire et de Folklore Henri GUILLEMIN édite son 16e volume intitulé : «Nos industries au passé». Cette publication est particulièrement opportune car elle permet de rappeler la splendeur industrielle que nous avons connue.

Cette évocation du passé ne doit pas amener le lecteur à se réfugier dans une certaine forme de nostalgie ; au contraire, elle lui donne la volonté et l’espoir de retrouver cette prospérité en évitant les écueils qui ont provoqué tant de naufrages.

Ce livre est l’œuvre collective des chevilles ouvrières du Cercle. Respectant en cela l'esprit qui anime ce groupement, aucun auteur n'a exercé ou n’exerce de prééminence.

Chacun a travaillé avec une modestie quasi anonyme mais animé du souci primordial d'efficacité.

Toutes les entreprises de quelque importance situées sur le territoire des anciennes communes de Haine-Saint-Paul et de Haine-Saint-Pierre font l'objet d'un chapitre rédigé par un auteur distinct.

Leur nombre prouve la richesse du passé économique de ces deux communes qui vivaient véritablement en symbiose.

Elles constituaient un micrososme où les branches d’activité très variées avaient comme piliers principaux : l’industrie charbonnière, la verrerie, la construction du matériel roulant.

Les produits fabriqués par une main-d’œuvre aux qualités hautement appréciées étaient répandus dans le monde entier.

Malheureusement, les guerres mondiales, l’évolution économique, les erreurs de gestion ont précipité l’évolution vers certaines fins tragiques.

Chacune de celles-ci mériterait d'être autopsiée. Peut-être sera-ce l'objet d’une autre publication ?

Combien de bâtiments abandonnés ne sont-ils pas devenus des ruines lépreuses après que de véritables requins de la ferraille les aient dépouillées de tout ce qui était vendable ?

Ces chancres défigurent aujourd'hui le paysage et donnent une mauvaise image de notre territoire.

Une législation récente donne aux pouvoirs publics des possibilités financières en vue de l’assainissement et de la rénovation de ces sites d'activité économique désaffectés.

Malheureusement, si elle est généreuse, elle crée des procédures lourdes et lentes notamment pour régler les problèmes de propriété.

C’est néanmoins une tâche prioritaire pour l’Administration Communale soulignée indirectement par ce livre.

Heureusement, celui-ci met également en évidence les efforts déployés pour que d’autres entreprises survivent ou se reconvertissent.

Il serait souhaitable qu'une étude semblable couvre l'ensemble de la Commune de La Louvière voire même de la région du Centre.

L’exemple du Cercle d’Histoire et de Folklore Henri GUILLEMIN mérite d’être suivi.

Il faut rechercher les archives, les dépouiller, interroger les témoins, sauver les témoignages du passé.

La diversité des sources et l’originalité de l’iconographie illustrent bien ce souci qui a animé l’équipe d'auteurs.

Ils n’ont pas cherché à faire un thèse doctorale. Ils ont recueilli une riche documentation.

Mais au-delà de la présentation rigoureuse de celle-ci, ils ont laissé parler leur cœur, sentant vraiment le pouls de ce corps vivant qu'est l’ensemble du personnel d’une entreprise, ou cachant mal leur émotion en évoquant la mort de telle usine de renommée mondiale, ou laissant poindre leur indignation devant certaines fautes commises.