Parmi les quartiers de Bruxelles livrés à la pioche des démolisseurs en vue de l’achèvement de la Jonction Nord-Midi, il en est un qui s’est particulièrement imposé à l’attention du public. Situé à l’intérieur du tracé de la première enceinte, dans le goulot aboutissant à l’ancienne Steenpoort, ce quartier fut, de tout temps, un des plus populeux de la ville. Il conservait jusqu’en ces dernières années l’aspect pittoresque des choses démodées. Malgré l’étroitesse de ses rues, fidèles au tracé du Moyen Age, la fièvre de la circulation moderne ne l’avait pas épargné, et, dans ce grouillement urbain, les vieux immeubles alignaient des façades poussiéreuses et misérables construites pour la plupart à la fin du XVIIIe siècle ou dans la première moitié du XIXe.

C’est sous l’un de ces immeubles, au n° 27 de la rue d’Or, que fut dégagée, en mars 1936, une grande salle voûtée, qui reçut en quelques semaines la visite de plusieurs milliers de curieux.

En réalité, il ne s’agissait pas d’une découverte, ainsi qu’on l’a dit alors : cette salle souterraine était connue depuis longtemps et servait de dépôt de marchandises. Elle s’est révélée d’un certain intérêt lorsque les murs de refend qui la divisaient en une série de réduits étroits furent abattus. Alors seulement, on se rendit compte de ses véritables proportions.

On vit tout de suite, dans cette salle à demi enterrée, une crypte pouvant remonter au XIIe ou au XIIIe siècle. La presse l’ayant présentée comme telle, la dénomination de « crypte romane de la rue d’Or » fut consacrée en quelques jours. Rien ne justifiait cette hypothèse, si ce n’était, aux yeux du public, [...]