Je ne saurai probablement jamais si le souhait de Léonie a été exaucé et si le soleil était de la partie, en ce dimanche d'août 1904 où une famille liégoise a guidé à travers sa ville les fiancés arrivés de Deulin par le train de 9 heures mais il m'est récemment venu l'envie de me substituer à la "chère cousine" et, comme Léonie l'y invitait, à ranger dans l'ordre indiqué quelques "cartes-vues" de l'époque.

Un aimable collectionneur liégeois, M. Jean Fiévet, a bien voulu m'y aider en mettant ses trésors à ma disposition; de plus, M. Hanssen, chef de Cabinet du Bourgmestre de Liège et expert es-histoire des tramways liégeois a eu l'extrême obligeance de vérifier si ma mémoire ne m'avait par égarée dans ce labyrinthe qu'est le réseau des transports en 1904; j'ai également obtenu la précieuse collaboration de Mme Triaille, bibliothécaire-en-chef des Chiroux et de son équipe, ainsi que celle de plusieurs de mes amis qui se sont livrés pour moi à une fructueuse chasse aux images.- Je les en remercie tous très sincèrement.

Le résultat de ces efforts a été tel que l'itinéraire de départ s'est avéré trop modeste : mesuré selon la lente déambulation d'une famille en promenade, il ne permettait pas d'atteindre tous les endroits représentés sur les cartes que j'avais rassemblées : aussi, ce petit album, s'il reçoit un accueil favorable, sera-t-il suivi d'un second recueil consacré aux quais et à la rive droite de la Meuse, cependant qu'un troisième volume conduira de Seraing à Herstal par le plateau d'Ans, puis de Bressoux à Ougrée par le plateau de Fléron.

Rechercher et grouper ces images a été pour moi un petit jeu auquel j'ai pris un vif plaisir : la ville ainsi ressuscitée est, à quelques années près, celle où s'est écoulée ma paisible enfance et, à scruter ces tableautins, j'ai retrouvé mille détails dont je ne savais pas qu'ils étaient encore si vivaces dans mon souvenir. En les notant au vol, je n'ai pas eu d'autre propos que d'évoquer ce qu'une mémoire d'enfant a enregistré : le parfum des jardins, l'eau glacée des fontaines, les cris heureux des gamins qui se poursuivaient au soir tombant, la verte réplique d'une balayeuse... Que l'on ne s'étonne pas d'y voir se glisser quelques expressions du terroir : de ce temps-là, c'était surtout en wallon que s'exprimait, vive et franche, la vie de la rue.

Voilà - des cartes jalonnent l'itinéraire proposé, Léonie et sa cousine m'attendent au tournant des pages.... Venez avec nous... J'espère que vous aussi, vous y prendrez plaisir....