Les mots de Victor Hugo que vous (re)découvrirez ci-contre expriment mieux que nous ne pourrons jamais l’écrire ce qui aura été le fil conducteur des flâneries auxquelles nous vous convions une dernière fois dans les pages qui vont suivre. C’est-à-dire la démonstration par l’image de la métamorphose subie par de mêmes lieux à plusieurs décennies d’intervalle. Une métamorphose à laquelle nous nous croyons insensibles et indifférents. Et pourtant...

Elle - cette métamorphose - est naturellement due à l’inexorable avancée du temps qui emporte tout avec elle. Ubi sunt qui ante nosfuerunt - où sont passés ceux qui nous précédèrent, thème cher à François Villon. Les hommes et les femmes que nous aurons croisés au hasard des photographies du siècle dernier ne sont pas les figurants d’une quelconque reconstitution. Ces hommes et ces femmes ont bel et bien parcouru des rues et des chemins que nous empruntons toujours. Vécu dans des maisons où nous vivons encore. Et comme nous aujourd’hui, ces hommes et ces femmes ont là aimé et haï. Pleuré et ri. Espéré et craint. Une constatation qui incite à la modestie face à l’éphémérité de la vie et qui justifie l’urgence de la croquer à pleine dent en dépit de ses vicissitudes parfois cruelles pour d’aucuns.

Depuis longtemps, nous pouvons, sous l’impulsion d’un simple désir d’évasion, rejoindre n’importe quel point du globe pour voir comment et dans quel milieu vivent ceux nés sous ces cieux-là. Voilà qui est fort bien, assurément. Mais qu’il nous soit néanmoins permis de regretter que cette remarquable facilité de déplacement participe à l’aveuglement qui est le nôtre sur les changements qui transforment - pas toujours pour le mieux, hélas - notre environnement immédiat et à la méconnaissance que nous avons de celui-ci. Quel sens y a-t-il en effet à savoir l’histoire d’un minuscule atoll polynésien si on ne sait rien de ce qui nous entoure au plus près dans notre quotidien ? Nous sommes ici tenté de détourner le célèbre adage de Delphes pour appuyer notre réflexion : Connais-toi toi-même.

La comparaison imagée et temporelle qui nous a guidés au cours de nos flâneries aurait bien entendu pu s’établir partout ailleurs, mais outre pour l’attachement indéfectible que nous portons au pays écrin du joyau que fut notre enfance, nous avons choisi Uccle pour sa situation aux portes de la grande ville. Une situation géographique qui aura généré une transformation à la fois assez lente que pour être capturée en images au passage du temps et assez importante que pour frapper les esprits lorsque cette évolution est soudain soumise à nos regards.

Sous la pression d’une démographie en croissance continue, les villes s’étendent. Elles abritent aujourd’hui plus de 50 % de la population mondiale. On estime par ailleurs que 75 % de cette population vivra en milieu urbain en 2050. Une perspective qui oblige à repenser dès à présent tous les aspects de la ville de demain : social, économique, environnemental. Et qui apporte une valeur supplémentaire à ces photographies d’un temps définitivement perdu, madeleines de Proust que nous vous invitons à savourer une ultime fois en notre compagnie.