FAIS PEU MAIS BIEN, TRÈS PEU MAIS TRÈS BIEN, UN RIEN MAIS PARFAIT», aimait-il nous répéter pendant ses cours à l’école d’architecture de La Cambre.

Avoir eu René Pechère comme professeur a été pour nous une grande chance. Devenus très vite des amis, nous prolongions souvent nos cours jusque tard dans la soirée, installés dans sa bibliothèque autour d’un verre de whisky, dans une conversation libre, pleine d’esprit, attentive, sans cesse reprise. Ces moments privilégiés n’ont pas manqué de laisser un souvenir indélébile dans la mémoire d’un jeune étudiant.

On percevait chez lui, en même temps que l’amour des jardins et de la nature, celui de l’humanité. «La nature ne fait pas de jardins» aimait-il rappeler; son art, il le décrivait comme «l’incessante et changeante recherche d’une alliance entre nature et artifice». «C’est l’artifice humain et le temps qui doivent œuvrer ensemble», disait-il. Nous apprîmes ainsi la quatrième dimension, alors qu’il est si courant de réduire l’architecture à une maîtrise de l’espace. Au contraire, c’est le temps que l’homme et la nature ont en commun et c’est le temps qui les lie de façon indissoluble.

Après la création de notre bureau d’architecture, l’Atelier d’Art Urbain, qui rassemblait des anciens étudiants de La Cambre, un de nos souhaits a été d’éditer son premier livre, paru en 1987 et intitulé Jardins dessinés, Grammaire des Jardins. Cette publication nous a apporté la satisfaction de pouvoir partager notre émerveillement avec d’autres.

Les années ont passé et la bibliothèque René Pechère est venue s’installer au-dessus de celle des Archives d’Architecture Moderne (AAM), dans le Centre International pour la Ville, l’Architecture et le Paysage (CIVA) à Bruxelles.

Notre proposition d’éditer un nouveau livre sur l’œuvre de René Pechère a été accueillie avec enthousiasme par lè Conseil d’Administration des Archives d’Architecture Moderne.

Pour cette deuxième publication, le défi était de réaliser un livre «pas comme les autres».

Nous avons pris le temps qu’il fallait pour dénouer les fils de cette œuvre, rendre compte, fût-ce partiellement, de ses dimensions architecturales, humaines, historiques, philosophiques aussi.