Je ne puis entreprendre cette préface sans rendre tout d’abord un hommage posthume à André Belley. La crise économique que nous vivons tend à créer un fossé entre le monde du commerce d’art et celui des musées et institutions publiques. Cette crise a également pour effet d’organiser la fuite des œuvres d’art de nos régions vers des lieux de vente où la concentration du capital permet la montée des prix et la spéculation. Le geste d’André Belley est plus que du mécénat; il prouve qu’au-delà des préoccupations commerciales privées, un grand antiquaire peut avoir le sens de l’intérêt public, de la nécessité pour une communauté de préserver et d’étendre son patrimoine culturel.
En attribuant son legs au Musée royal de Mariemont, André Belley a sans doute été guidé par la réputation mondiale de la collection de porcelaines qui y est conservée. Mais il s’est aussi souvenu des origines hennuyères de sa famille. Son choix prend, dès lors, un sens particulier au moment où les nouvelles institutions de ce pays ont vu leur autonomie définitivement sanctionnée et où le Musée royal de Mariemont est devenu le premier musée relevant directement de la Communauté française.
Je désire enfin souligner l’intérêt personnel que j'accorde à cette exposition. Depuis plusieurs années, je travaille avec mes étudiants de l’Université Libre de Bruxelles à des recherches sur l’histoire de la manufacture de porcelaine de Tournai. Je tente de faire revivre cette entreprise, exceptionnelle sur le plan économique et sur le plan culturel, qui doit beaucoup à l’apport d’artistes français, à la haute qualité de la main d’œuvre tournaisienne et à la sagesse de gouvernants progressistes. Tout cela illustre à la fois les liens qui existent entre l’économique et le culturel et la vigueur de nos racines.
Je souhaite que cette exposition témoigne de notre volonté d’être fidèles à ces traditions de qualité et à ce goût du “bel ouvrage’’.

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