Les cent dernières années ont vu ¡'Humanité progresser davantage dans le domaine des sciences et des techniques que durant le précédent millénaire. C'est un lieu commun que de le rappeler.

Que dire alors de l'évolution des arts plastiques? En vingt-cinq ans, à la charnière du xixe et du xxe siècle, les valeurs laborieusement mises en place depuis la Renaissance volent en éclats.

De tentative de mise en ordre du monde qu'il était, l'art devient mise en question; de traducteur du spectacle de l'univers, l'artiste se mue en celui de ses propres sentiments face à la nature qui paraît bientôt elle-même un obstacle à la traduction des émotions de certains créateurs. L'écran posé par les images est même franchi pour déboucher, par l'abstraction et la non-figuration, sur le monde de la ligne et de la couleur pures. La raison à son tour cède la place, avec le surréalisme, au rêve et à l'inconscient.

Le développement des moyens de communication ramène le globe terrestre à une échelle proche de celle de l'homme. L'artiste se sentant partout chez lui, aux «Ecoles» se substitue un art qui ne fait plus de différence, par exemple, entre un représentant de l'action painting de la côte ouest des Etats-Unis et un abstrait gestuel européen. Des rives du Pacifique aux bords de la Meuse ou de l'Escaut, une même manière de traduire les choses visibles ou invisibles semble donc à première vue s'imposer.

Quelle est la place de l'art de nos régions dans un ensemble aux si vastes dimensions ?

Petit territoire, coincé entre la francité et la germanité, l'espace «Belgique» peut-il prétendre à ¡'originalité dans le domaine de la pensée? Peut-on parler d'un art belge?

Les pages que vous allez parcourir, les oeuvres que vous allez découvrir nev prétendent pas donner une réponse catégorique et définitive à cette question, somme toute secondaire.