Alfred de Bougy écrira beaucoup. Des récits de voyages sur les traces de gens qu’il admire : Jean-Jacques Rousseau en Suisse et en Savoie, Victor Hugo alors en exil « .. .aux îles de la Manche ». Il publiera trois ouvrages sur ses voyages dans notre région : Le Tour du Léman en 1847, Evian et ses environs en 1852 et Voyage dans la Suisse française et le Chablais en 1860.

Le récit qui nous intéresse concerne son voyage de 1844. Il a trente ans, et, prenant deux mois de vacances, parcourra la Suisse et la Savoie riveraines du Léman, écrivant chaque soir ses impressions à un ami, Emile, probable ancien condisciple. Bougy est certes un petit bourgeois ironique, un dandy balzacien qui se fera écrire une préface, pathétiquement brève et anodine, à un ouvrage sur Andorre et San Marin, par George Sand alors scandaleuse et adulée ou qui s’inventera une particule censée lui donner plus d’importance, mais il est loin de n’être que cela. Libéral, progressiste, admirateur de Jean-Jacques Rousseau et de Victor Hugo qu’il rejoindra dans son exécration pour le Second Empire, c’est souvent un esprit brillant et son livre recèle quelques belles fulgurances même si en ce qui concerne Yvoire il se couvre à posteriori de ridicule lorsqu’il écrit que les bateaux à vapeur « n’ont garde d’y relâcher » alors qu’en 2005 ils ont débarqué près de 200 000 personnes, ou que « cette bourgade a perdu sans retour son antique importance ; elle est trop éloignée des grandes routes pour que les voyageurs s’y aventurent » quand on sait l’attirance suscitée par le site à ce jour.