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L'enfer de nos houilleurs a fermé ses portes
Broché / 194 pages / édition de 2003
langue(s) : français
éditeur : Scaillet
dimensions : 247 (h) x 175 (l) x 15 (ép) mm
poids : 460 grammes
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C’est peut-être ma vie de journaliste (elle a débuté fin 1944), autant que ma naissance dans une famille de houilleurs, qui m’a fait découvrir les mérites de ces travailleurs qui plongeaient dans les entrailles de la terre, pour y prendre la houille dont nous avions tant besoin, quand on ne parlait pas encore d’atome. Fils d’un houilleur mort jeune comme d’ailleurs tous ses compagnons de travail rongés par la silicose et usés par des travaux inhumains, j’ai appris, dès ma plus tendre enfance, à partager le pain, les soucis, les misères et les rares joies de ces houilleurs que leurs concitoyens ne considéraient qu’avec mépris, sorte de répugnance qu’ils ne songeaient même pas à dissimuler. Gavé de récits chantant tantôt les chagrins, tantôt les actes de bravoure, tantôt les morts violentes ou plus souvent encore, pleurant les deuils, j’ai vécu professionnellement des tragédies qui, un demi-siècle plus tard, restent gravées dans mon esprit et dans mon cœur. Alors que mon père se trouvait à mille mètres sous terre, creusant le bouveau et gobant la poussière qui, à son insu sans doute, le conduisait à la tombe, j’ai vu des rescapés regagner le jour, à Fontaine-l’Evêque, après des jours d’enfermement dans une galerie obstruée par l’éboulement. En quelques années, j’ai vu des victimes de la mine, saluées par le Premier Ministre, Van Acker, à Dampremy. Ma profession m’a conduit à compter les trente-neuf tués de Mariemont-Bascoup; les douze victimes du grisou au puits Pêchon à Couillet; d’autres morts encore à Forchies, à Jumet... Et ce fut le 8 août 1956 : le Bois du Cazier et ses 262 victimes.

La silicose a tué mon père dès l’année suivante : elle avait emporté bon nombre de ses compagnons de travail qui, plus jeunes que lui, avaient été exterminés par la maladie. Grâce à des hommes politiques dont l’histoire de notre pays retiendra les noms, le houilleur s’est affranchi, après le Bois du Cazier surtout, de bien des injustices et de préjugés. Au fil des ans, après 1944 surtout, mais plus encore après 1956, le houilleur est devenu progressivement un citoyen aussi respectable et considéré que tous ses contemporains. Il n’est plus rare, aujourd’hui en 2003, de connaître des ministres, des médecins, des magistrats, des enseignants dont les ancêtres ont vécu les années les plus sombres de notre industrie charbonnière régionale.

Que ce livre - sans doute mon dernier ? - me permette de rendre hommage à tous les houilleurs de Wallonie en général, et à mon papa, en particulier. Il repose, depuis 1957, au cimetière de Montignies-Neuville. Une petite photo et l’inscription Hasquin-Deketelaere, rappellent au passant, que c’est là que gît Fernand-Florent Hasquin (1899-1957). Je voudrais ajouter à cette épitaphe, qu’il fut houilleur dès l’âge de 12 ans. Que tous les descendants des houilleurs soient fiers de leurs ancêtres !
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