Etablir, reconstituer et raconter des faits datant de plus d’un demi-siècle c’est consentir à s’engager sur une voie ardue. Être au fait de la difficulté c’est déjà se préparer à y faire face. Ce n’est pas pour autant se donner la garantie ou l’assurance de les vaincre toutes.
Faire revivre aux plus vieux et tenter d’apprendre aux jeunes générations ce que fut l’immédiate avant-guerre et les jours inoubliables de mai 1940, c’est le but des pages qui suivent. Objectif restreint et de peu d’envergure si l’on sait qu’il se focalise sur un plan local. Il faut pourtant savoir ou rappeler que les contemporains de l’époque n’ont eu de ces événements qu’une image souvent déformée. C’est ainsi que dans la population, prirent rapidement naissance des récits parfois fantaisistes ou fragmentaires faisant la part belle aux exagérations incongrues cachant une part de vérité qu’il faut tenter de découvrir.

Ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui “ le vieux canal de CHARLEROI à BRUXELLES " formant un obstacle à la progression de l’envahisseur devint, le 17 mai 1940, l’objet d’une journée de combats se déroulant dans un premier temps d’ouest en est de ses berges, et à l’ouest seulement après qu’il fut franchi. À l’ouest, les défenseurs français, à l’est, l’assaillant allemand. La guerre finie on aurait pu croire que les sources officielles des armées ou des unités ayant combattu sur le terrain allaient donner de cette journée, des témoignages complets et structurés. Il n’en est rien, sans quoi notre démarche n’aurait pas d’objet.

Les premiers à se manifester et à en retracer le film furent, quelques années plus tard, nos amis français. Pour en conserver le souvenir une petite brochure fut publiée. Son compétent auteur se donna beaucoup de mal pour étoffer son récit, reposant partiellement sur des ordres et des messages échangés entre les Postes de Commandement et les responsables des unités de combat en campagne, et, postérieurement, sur des relations écrites et établies par différents acteurs de niveaux divers qui avaient vécu l’action. Ce récit a le mérite d’exister, mais à l’époque, ne disposant pas des éléments nécessaires, on comprendra qu’il fut incomplet et entaché de quelques erreurs.

Du côté de l’assaillant, plusieurs auteurs ayant combattu dans le secteur le jour de l’affrontement ont décrit ou relaté succinctement l’un ou l’autre engagement De-ci de là, quelques détails et précisions dans un environnement de généralités. Aucun d’eux n’aborde de façon méthodique et chronologique l’histoire des combats dans la zone comprise entre RONQUIERE5 et SENEFFE. Peut-être cela tient-il à une certaine confusion créée par des ordres et des contrordres allant jusqu’à des changements de positions et d’unités en ligne.