L'abolition par la Révolution française de tout ordre de chevalerie ou de distinctions pour services rendus devait créer un vide dans l'organisation de la société. Ni le dévouement, ni l'ambition, ni le courage ne pouvaient trouver de justes récompenses à une époque où, précisément, de telles qualités étaient requises.

Le Directoire, dès 1797, en fut conscient et devait instaurer la remise d'armes d'honneur à ceux qui avaient accompli une action d'éclat. Cela ne concernait que les militaires. En 1802, Bonaparte, encore Premier Consul et déjà chargé de gloire, prit la décision de créer un Ordre, celui de la Légion d'honneur.

Cette innovation ne visait pas à la seule récompense pour faits d'armes, elle voulait reconnaître également les mérites civils ; outre la croix pour bravoure, elle se voulait une institution apte à honorer l'activité citoyenne.

Une telle distinction aurait pu se limiter à n'être qu'un événement historique parmi d'autres, un chapitre de l'épopée napoléonienne. Elle devait lui survivre, donnant à cette épopée une permanence qui transcende les combats, les invasions et les défaites.

En 2002, le bicentenaire de la Légion d'honneur sanctionne, non pas le passé, mais la vitalité d'un Ordre qui demeure une distinction convoitée, respectée, lorsqu'elle s'accorde à honorer l'accomplissement d'un acte exceptionnel ou d'une vie exemplaire.

Son octroi ne s'arrête pas aux Français, mais réunit des citoyens de tous pays. La Légion d'honneur, parmi les Ordres nationaux, est sans doute l'un des mieux connus et le plus estimé. Par leur proximité et leur histoire, les provinces belges furent et sont particulièrement mêlées à son rayonnement.

Le présent ouvrage, qui évoque Les Ancêtres belges de la Légion d'honneur, offre dès lors un sensible intérêt. Il permet de mesurer l'impact de l'Ordre dans nos régions et le pourcentage élevé des récipiendaires. L'étude pose des questions qui pourraient être empruntées à l'un des chapitres " Pourquoi ? Quand ? Comment ? ",

Des recherches patientes permettent d'y répondre, des points d'interrogation forcément demeurent, mais ceux-ci sont beaucoup moins nombreux que les informations, les renseignements, le nom des titulaires que ces pages recèlent. La connaissance que la lecture propose en fait un livre de base et de référence sur le sujet.

L'auteur, s'il est à remercier pour cet effort, n'est plus à présenter. Noël Anselot, qui fut journaliste, homme d'action et d'entreprise, est aussi écrivain, essayiste et auteur d'articles dans diverses revues tant en Belgique qu'en Grande-Bretagne. S'il a signé quelque dix ouvrages dont Ces Belges qui ont fait la France, la gastronomie ne lui est pas étrangère lorsqu'il rédige Cuisine d'Ardenne, Famenne et Gaume. De plus, dans le domaine de la diffusion de l'écrit, il est le fondateur de Redu, Village-du-Livre, qui a essaimé depuis lors en divers lieux. Pour tout cela, faut-il l'ajouter, il fut décoré de la Légion d'honneur. Ce qui importe aujourd'hui, c'est la publication de ce livre qui voit le jour à l'occasion du bicentenaire et dont la vente est entièrement vouée à notre Société d'Entraide. Générosité du texte, générosité de l'esprit.