Les relations entre les princes des Pays-Bas pendant la seconde moitié du xive siècle (1356-1384) font l’objet de cette étude. Période complexe s’il en fut. Rivalités de princes, conflits territoriaux, poussée des villes pour partager le pouvoir, luttes sociales entre « grands » et « petits », immixtion des grandes puissances, intérêts économiques divergents, problèmes religieux créés par le schisme et par-dessus tout le problème de la succession du plus riche groupe de provinces de l’époque, le Brabant-Limbourg, ce sont là autant d’éléments qu’il faut rechercher, suivre, analyser pour comprendre ce qui divise ou ce qui unit princes et sujets. Trois personnages sont, du fait de leur individualité, de leurs attaches familiales ou de l’importance des terres sur lesquelles ils régnent, de premier plan : Louis de Male, Aubert de Bavière, Wenceslas et Jeanne de Brabant. Ils occuperont la scène continuellement. Si ce que nous appelons actuellement leur politique extérieure est le fond de ce travail, force nous a été pour la caractériser, de rester en contact avec la vie interne de leur pays, la vie sociale comme la vie économique.

Notre travail ne pouvait être une étude juxtaposée et particulière de la Flandre, du Hainaut, du Brabant, de Liège. Il fallait voir les événements de haut, les coordonner dans le cadre de l’histoire générale de notre pays, voir les grands mobiles de leur politique, retrouver si possible certains facteurs permanents, dégager les grandes lignes de leur évolution commune. Vu sous cet angle, il nous permettait de rechercher dans quelles circonstances les ducs de Bourgogne ont édifié « l’Etat bourguignon ». Il serait prématuré de dire — ce que nous espérons pouvoir prouver — que les fondements ont été posés avant leur venue et qu’ils ont profité, plus qu’on ne l’a cru, des travaux d’approche de leurs prédécesseurs et notamment de Louis de Male.

L’historien des Pays-Bas n’a jamais pu isoler notre histoire de celle des grandes puissances de l’Occident. La situation géographique de notre pays, coincé entre la mer du Nord et le massif ardennais, sur les grandes routes terrestres empruntées par les marchands [...]