LA Belgique A suscité une abondante bibliographie. Nous pouvons dire avec Barrés que beaucoup de nos médailles ont été frappées dans l’or étranger; il a paru utile en confrontant et en superposant leurs profils, de reconstituer une effigie idéale du pays. Déjà, d’autres comme Arthur De Rudder, dans
Visions de Belgique et Madame Berthe Delépinne dans le
Florilège de Bruxelles s’étaient essayés à une synthèse difficile.
Cet ouvrage ne prétend pas être complet; ce n’était d’ailleurs pas nécessaire: trois hgnes de Stendhal sont plus éloquentes que plusieurs volumes qui se répètent. Délibérément, nous avons reproduit de nombreux fragments, laissant parler leurs auteurs, même lorsqu’ils attribuaient la fondation de la capitale aux Anglais, voire aux Russes. De leurs contradictions et de leurs inexactitudes pouvait seulement se dégager une image valable.
Tant pour éviter la monotonie que pour explorer les divers aspects du problème, on a choisi un ordre, ou plutôt une absence d’ordre, qui pourrait paraître arbitraire. Il est incontestable que les impressions d’un voyageur sont conditionnées non seulement par des facteurs généraux tels que la mentalité de son temps et le caractère de la nation à laquelle il appartient mais encore par des dispositions individuelles comme son humeur du moment et la pente que son métier a imprimée à son esprit.
Les Français, par exemple, s’étonnent ordinairement que l’étranger ne parle pas sa langue et n’aime pas ce qu’il aime; les Anglo-Saxons, au contraire, demandent à être surpris, dépaysés, désorientés. L’exotisme n’a pas le même sens pour les uns et pour les autres.
Certaines époques sont dominées par des soucis bien déterminés; la puissance des fortifications et la qualité de l’eau tiennent une grande place dans les relations anciennes. Ce que regarde un artiste n’est pas ce que retient un diplomate ou un militaire. Le côté boulevardier d’Octave Mirbeau, la mauvaise humeur de Baudelaire [...]