LES hasards de la vie ont fait que je n’ai rencontré Félicien Favresse qu’une seule fois. Au cours d’une séance de commission, nous étions assis l’un en face de l’autre. Nous n’eûmes l’occasion d’échanger que des phrases banales. Sa personnalité, aussi bien, je ne puis la voir qu’à travers son œuvre. Simplifiant à l’extrême, je serais tenté de la caractériser par une expression lapidaire : « la probité scienti-

fique ».
A première vue l’apport de Favresse à notre discipline frappe par sa sobriété. Elle comprend vingt-et-un articles et un seul livre. Elle a trait tout entière à l’histoire de la ville de Bruxelles au moyen âge, matière vers laquelle Guillaume Des Marez avait orienté son élève.

Il serait profondément injuste d’en conclure que cette œuvre relève essentiellement de l’histoire locale. Bien au contraire : par la méthode, par la manière d’aborder le sujet, par sa finalité, si j’ose m’exprimer ainsi, elle revêt à nos yeux bien plutôt le caractère d’une contribution à l’histoire nationale ou, mieux encore, à l’histoire générale du moyen âge.

Pour s’en rendre pleinement compte, il importe de la situer dans l’ensemble des connaissances en la matière, qui se sont accumulées depuis la fin du siècle dernier et que l’on peut considérer comme acquises.

L’étude des villes médiévales, nul ne l’ignore, est dominée, dans les anciens Pays-Bas plus encore que dans l’ensemble de l’Europe occidentale, par les travaux de Henri Pirenne. Ils n’ont cessé de s’imposer, malgré les retouches qu’y a apportées le progrès de nos études. Il n’en reste pas moins qu’ils demandent à être complétés.