Alors qu'on célèbre le centenaire du cinéma, il était tentant de tirer parti de cette circonstance « séculaire » pour remonter aux premiers temps du cinéma en Belgique, au départ de la première projection publique du 1er mars 1896. Après avoir consacré jadis des monographies à ces deux grandes figures de Vavant-garde et du documentaire que sont Henri Storck et Charles Dekeukeleire, c'est à une région de la cinématographie souvent méconnue que la Revue belge du cinéma a voué ici toute son attention. A travers des collaborations variées, ce sont tous les domaines clefs qui sont parcourus, observés chaque fois qu'il y a lieu dans leurs interactions transnationales : du contexte général d'époque, avec la fracture de la guerre, à de fins inventaires de corpus filmiques documentaires et de fiction, en passant par les premiers modes de distribution et d'exploitation, les discours, aussi, des revues spécialisées, comme les premières grandes controverses sur l'influence du cinéma, pour s'ouvrir à des réflexions sur la spécificité du support nitrate ou l'accompagnement pianis-tique des films muets — le tout illustré de documents photographiques souvent inédits. Si bien qu au-delà de l'ancrage belge sous-tendant le propos, les préoccupations pratiques et théoriques dont ce recueil témoigne débordent largement les frontières du seul intérêt « national ». La diversité résolument plurielle des approches et des regards — lesquels ont toutefois en commun une égale exigence de rigueur — confère à ce document une richesse et une tonalité qui le destinent aussi bien aux chercheurs qu'aux cinéphiles et, plus largement, à tous ceux qui ont la passion de retrouver, avec les premiers temps du cinéma, l'esprit de l'« enfance de l'art ».