[...] C’est pourquoi, dans ce bréviaire régional des légendes de l’Entre-Sambre-et-Meuse, on a prospecté, non géographiquement, mais thématiquement les divers aspects de l’imaginaire.

La moisson, si incomplète soit-elle, est abondante. C’est que l’Entre-Sambre-et-Meuse a longtemps été, et demeure encore, une région prisonnière de sa géographie et de son passé. De grandes forêts l’ont couverte et la couvre toujours. De vastes espaces voués à la culture et à l’élevage y ont été chantournés sans cesse par les eaux. Les sous-sols friables y ont ménagé des spélonques et des effondrements insolites. L’isolement a laissé subsister une certaine sagesse native patinée souvent de peur et de contemplation panique. La morale s’y est établie sous l’influence conjuguée du paganisme ancestral et de la religion venue un jour l’irriguer de la Foi. Bref, l’Entre-Sambre-et-Meuse a vécu longtemps enserrée entre fleuve et rivière comme dans un carcan d’or qui lui a conservé son originalité foncière.

Les légendes et les histoires ici réunies ne font pas fi de l’apport incessant des âges. La vie réelle de certains y est évoquée car, souvent, le temps l’a modifiée et embellie pour lui donner, de nos jours, valeur de symbole et de mythe. Et l’homme a besoin pour vivre de mensonges et de vérités sans fin ranimés par les rêves.