Malgré les atteintes de l'homme, l'Ardenne conserve d’incomparables paysages : des vallées perdues dans la solitude, de sauvages torrents, des bois profonds, vestiges de la forêt impénétrable et mystérieuse dont parlent les écrivains de l'antiquité et du moyen âge. De tous temps, la farouche grandeur de l'Ardenne sut émouvoir les âmes sensibles ; toute une pléiade de charmants écrivains nous en donna, depuis le milieu du siècle dernier, le vivant témoignage. Et parmi ceux qui exprimèrent le charme prenant de ce sol âpre, il en est un que nous mettons hors pair : Albert Bonjean.

Tout ce que l'Ardenne farouche et retirée recèle de primitif et d'ancestral, a trouvé en lui un interprète émouvant : vieilles croix penchées à la croisée des chemins, chapelles du temps jadis, maisons hâves et déjetées, hameaux perdus, vieilles gens du terroir.

Chantre de l'Ardenne ignorée, il est aussi le poète de ces steppes désolées, les Hautes-Fagnes, dont il évoque la morne grandeur avec l'accent d'un amour profond.