Une région contiguë de la France, qui ne lui appartient pas mais qui partage depuis des siècles sa langue et sa civilisation, voilà le problème. Aucun ouvrage de quelque envergure ne l’a encore posé. Le passé de nos provinces romanes n’a jamais été étudié comme tel mais uniquement dans le cadre et selon les perspectives belges, ce qui lui a infligé des amputations et des gauchissements. Historiens de profession et avertis des pièges de leur métier, les' auteurs de ce volume n’ont pas voulu remplacer un déterminisme par un autre. Mais expliquer un fait.

Et aussi rendre et faire rendre chez nous et ailleurs justice à notre terre. Récemment, le catalogue de l’exposition de 1’ « Europe romane », dû aux services du Musée du Louvre, a, ignorance ou inadvertance, qualifié l’aigle-lutrin de Notre-Dame de Tongres, œuvre du Dinantais Jean Josès, « pièce maîtresse de la dinanderie flamande ». Un exemple parmi combien ! A une Wallonie qui s’éveille à son destin, ces pages montreront que son passé est garant de son avenir. A l’étranger et d’abord à la France, qui la connaissent mal, elles révéleront son originalité ei sa grandeur.

Des objectifs ainsi définis procèdent les limites et les divisions de l’ouvrage. Géographiquement, il se donne pour frontières celles de la Wallonie aujourd’hui. Sans s’y enfermer, sans s’interdire de les déborder chaque fois que l’Histoire l’exige. Comment traiter, par exemple, du Luxembourg de jadis en ignorant le Grand-Duché actuel ou comment passer sous silence le rayonnement de la métallurgie [...]