Bruges est pareille à cette fabuleuse émeraude tombée du front de l'Ange dans laquelle, aux dires du trouvère Wolfram d’Eschenbach, fut ciselé le Saint-Graal et qu'il appelle Lapsît exillis, mot mystérieux désignant une pierre précieuse exilée. Or Bruges, rejetée par la mer, est en effet exilée au milieu des terres, à présent encerclée comme une île par une marée de lotissements, de pavillons de banlieue sans style et sans âme.

Je me souviens d'avoirfouillé naguère ces quartiers, y cherchant les traces de ces templiers, gardien de la pierre exilée selon le Parzival et qui ramenèrent ici le Saint-Sang. Il n'y avait plus au bout de la rue du Tempelhof, que les bâtiments d'une ancienne ferme en briques sous d'immenses toitspentus couverts de tuiles rouges, groupés autour d'une cour camée à laquelle on accédait par un porche. Un vieux paysan les occupait. Il m'expliqua dans son jargon ce qu 'il savait encore sur les anciens maîtres des lieux et qu’il tenait de ses parents.

Ces chevaliers en manteaux blancs étaient de grands buveurs. Très riches, ils avaient dissimulé leurs trésors dans des souterrains qui partaient précisément de sa demeure, de la grange, croyait-il. Il me confia enfin après bien des réticences que ces galeries [...]