En dehors d’une rude montagne où la vie paraît s’accrocher à grand-peine, le Limousin n’offre que paysages harmonieux, fraîches clairières, échappées profondes et souples vallonnements.

Partout s’étale et triomphe, du printemps aux premières journées d’automne, un vert « du pays », indéfinissable, qu’il colore les herbages baignés par la Vienne, ou les bois imposants bordant la route d’Uzerche aux courbes si tenaces que l’on croit toujours les recommencer; un vert dont le secret tient peut-être à la prodigalité des sources qui jaillissent de toutes parts.

Quittant Limoges pour se diriger vers Angoulême, le promeneur de juin 1944 aurait bien vite été séduit par l’équilibre et le charme de la campagne environnante. Tout naturellement, il aurait abandonné la « Nationale » pour prendre un chemin plus intime et découvrir alors, avec ravissement, au-dessus de la Glane serpentant entre une haie de saules et de peupliers, l’église-forte du bourg au nom chantant d’Oradour...

Quelques jours plus tard, il ne subsistait de ce village que des ruines et des cendres, des pans de murs noircis tendus vers le ciel comme des moignons et les restes calcinés de tous ses habitants. Le 10 juin, les Boches étaient passés par là, assassinant, pillant, détruisant, incendiant, anéantissant les êtres et les choses avec méthode et raffinement, car dans l’art de tuer ce sont de très grands maîtres.

Les différents épisodes de cette tragédie ont été reconstitués par M. Guy Pauchou, sous-préfet de Rochechouart, et le docteur Pierre Masfrand, conservateur des ruines d’Oradour, en un ouvrage précis et minutieux où le récit des faits évoque dans sa simplicité, mieux que tout commentaire, un crime odieux de l’occupant, puisé parmi tant d’autres.