Paris - Roubaix "une classique unique" ? Oui en effet, enfer et damnation, elle n'est identique à aucune autre et aucune autre ne lui ressemble !

Courue essentiellement le dimanche de Pâques il y a des lustres, le mémorable monument du Nord propose à son menu itinérant ses pavés de plus en plus indigestes qui ont remplacé, période oblige, les bas côtés couverts du poussier des charbonnages voisins.

Quand la météo est hostile, la boue, les nids de poule et l'orniérage des chemins s'accentuent.

Les secteurs de la finale s'avèrent alors encore plus piègeux. Comme si cela ne suffisait pas, ces diables d'organisateurs au machiavélisme démoniaque (sic !) ont ajouté la Forêt d'Arenberg, à côté de laquelle, la côte de Doullens désertée depuis longtemps faisait office de gentil amuse-gueule. Dans ce boyau infernal, il vaut mieux être solitaire que solidaire, sous peine de connaître une myriade de "contrariétés" !

Au paradis des coureurs, le brave Jean Stablinski doit bien ricaner !

En paginant le Livre d'Or, on constate que les plus illustres compétiteurs y figurent.

Aucune autre grande classique ne peut s'enorgueillir d'un tel panégyrique de champions. Songez que 15 lauréats du Tour de France ayant remporté 26 succès et pas moins de 15 champions du monde représentant 26 maillots arc-en-ciel se sont imposés à Roubaix !

La légende truffée d'exploits, de drames, de chutes, de bosses, d'injustice, de miracles fut de tous temps prétexte à des rassemblements de masse que seuls la Grande Boucle, le Giro et le "Ronde" peuvent réunir.

Jusqu'aux années cinquante, le dimanche de Pâques oblige, on sortait son beau costume, sa chemise blanche et sa cravate sans oublier son chapeau boule pour assister au défilé des forçats de la route. C'était bucolique de voir tous ces vélos de tourisme agglutinés sur les bords des fossés. Quel contraste plus avant avec les "belles fleurs" des sites miniers et le triangle des terrils jouxtant les sentes traîtresses dont un goulot se nomme même chemin des Abattoirs !

Plus tard, apparurent les mobil homes parqués perpendiculairement ci et là sur les blés en herbe logeant les satanés boyaux. Puis ce furent ces drapeaux jaunes frappés à l'effigie d'un fauve, obligeant les Flahutes à se défoncer tels... des lions !

Que dire de l'après course ? Exténués par les soubresauts iniques subis, les héros du jour goûtent goulûment à la douche réparatrice dans les travées obsolètes du vieil anneau frontalier.

Oui, Paris - Roubaix est unique ! On a désormais coutume de dire que ceux qui la défient ne peuvent rien espérer des "Ardennaises" qui suivent. Il faut du temps à l'organisme de se "remettre en place". Ah cet enfer, quel purgatoire il fait subir à ceux qui l'affrontent. Quel masochisme il faut, sachant qu'un seul coureur atteint le paradis chaque saison !