Dans ce pays béni qu'est la Gaume si souvent ravagée par les guerres, le temps passé — ou du moins ses témoins — surgit à chacun de vos pas, si vous n'êtes pas le voyageur indifférent à tout ce qui n'est pas gain d'argent. Regardez autour de vous, voici, entre Virton et Saint-Mard, Majerou, l'antique et riche petite cité gallo-romaine détruite au début du Ve siècle. Un peu plus loin, vers l'Ouest, vous trouverez Torgny, sa nécropole mérovingienne au pied des vieilles carrières où foisonnent les plantes rares. De Virton même, vous pouvez apercevoir la butte de Montquintin et les ruines du château où vécut cet extraordinaire précurseur que fut l'évêque Nicolas de Hontheim. Marchons encore — ou roulons puisque nous ne refusons pas l'auto — et nous rencontrerons la rayonnante abbaye d'Orval et les souvenirs d'une école artisanale dont l'esprit s'est transmis à des générations de serruriers et de menuisiers.

En direction du Nord, nous arriverons à Buzenol-Mon-tauban, le promontoire dans la forêt où apparaissent les vestiges d'une occupation humaine qui s'étend sur quelque deux à trois mille ans. Ratissez le sol, et vous ramasserez des silex, recoupez les levées de terre et vous découvrirez la technique de la fortification gauloise, éventrez le rempart romain et vous mettrez au jour des sculptures étonnantes, dégagez les murs du château des Quatre Fils Aymon et vous exhumerez la salle d'armes du plus vieux donjon de Belgique. Continuant notre montée vers le Nord, nous arriverons au cœur des deux Habay où, près des demeures des maîtres de forges, nous verrons les traces tangibles des hauts-fourneaux d'autrefois d'où partaient vers le pays de Liège ces transporteurs de fer, les Gaumain, qui ont donné leur nom à notre terroir.

Mais ce sont nos bonnes vieilles maisons villageoises qu'il importe de connaître et de visiter. Naguère encore, on regardait avec [...]