Jusque dans les années cinquante, nos régions rurales étaient couvertes par un réseau assez ramifié de voies vicinales. Le tram qui constitue pour beaucoup LE souvenir joua un rôle non négligeable dans le développement de nos campagnes. Fonctionnant d'abord à la vapeur, au mazout ensuite, il allait jusque dans les villages les moins accessibles ou les plus haut perchés. Il permit à de nombreuses villettes restées à l'écart du chemin de fer de néanmoins s'y rattacher. Les régions de la Lienne, du Glain et de la Salm avaient eu la chance d'être dotées, assez tard et dans les toutes dernières, d'une ligne ferroviaire vicinale reliant Vielsalm à Lierneux.

Le tram de Lierneux fait partie de mes souvenirs d'enfance. Celle-ci, je l'ai passée route de Salmchâteau (actuellement Rue de la Fosse Roulette) dans la maison maternelle (puisqu'elle venait du côté de maman). La ligne du tram courait entre notre trottoir et la grand-route pavée à l'époque. La journée était donc rythmée par les passages de l'autorail : je n'ai connu la vapeur que lors d'un dégagement de la voie recouverte par une grande épaisseur de neige (début 1953 sans doute). De même, je n'ai fait qu'un seul voyage en tram, et encore, de «chez Magotiaux», arrêt facultatif (face à l'actuel Garage Van Noppen) jusqu'à Salmchâteau pour aller chercher des souliers chez Maron. Nous n'avions rien à l'aire du côté de Lierneux. Je le regrette.

S'il fut souvent question du tram de Lierneux (1), aucun ouvrage exhaustif (ou quasi) -comme ceux qui existent pour les lignes Poix - Saint-Hubert, Bastogne -Houffalize, Marche - Martelange entre autres- n'a jamais été réalisé pour notre ligne. Le présent ouvrage ne le sera pas non plus, autant le signaler tout de suite. Je ne suis en effet ni un expert ni un maniaque de la chose ferroviaire même si une belle locomotive à vapeur, train ou tram, ne me laisse pas indifférent. Mais cette ancienne ligne vicinale m'a paru mériter une illustration plus étoffée que ce qui avait été fait jusqu'à présent, et d'autre part être'le prétexte à un nouveau recueil de vieux documents que certains «insatiables» me réclament régulièrement depuis qu'a été digérée la lecture de Vieilles images sur toits de chèrbins paru en 1986. Compte tenu de l'existence, en plus de ce dernier, de trois autres recueils de cartes postales et/ou photos anciennes (2), il est d'une part de plus en plus malaisé d'en élaborer un nouveau qui donne une place assez importante à l'originalité et d'autre part de ne pas publier à nouveau des documents déjà connus.

Le thème du tram de Lierneux permet de franchir le premier obstacle. Le second n'a pas été entièrement nivelé: il y aura dans cet ouvrage -et ça doit être accepté- des cartes postales qui ont été publiées ailleurs. Ceux qui ne possèdent pas mes précédents recueils auront au moins ainsi ces documents. Mais, d'une façon générale, je me suis efforcé de montrer un maximum d'illustrations inédites ou en tout cas moins connues.

J'ai eu la chance d'acquérir les plans originaux de la S.N.C.V. concernant la création de la ligne: plans parcellaires, tableaux d'emprises, plans des ouvrages d'art et bâtiments. Les informations qu'on en tire sont évidemment très intéressantes et ce sont eux qui vont nous conduire de Vielsalm à Lierneux en mettant les images dans le bon ordre. Celles-ci existaient à profusion dans ma collection, jusqu'à Salmchâteau tout au moins. Pour la suite, elles étaient insuffisantes et j'ai donc dû faire appel à d'autres collectionneurs. Robert Méniger et Jacques Triolet dont les collections pour Lierneux et les villages avoisinants sont véritablement exceptionnelles ont répondu présents.

Quand on voit le nombre impressionnant de cartes, et de très bonnes cartes qui ont été éditées pour Lierneux, et que ces cartes existent chez des collectionneurs locaux, on ne peut que regretter qu'aucun recueil digne de ce nom n'ait été réalisé pour cette localité comme il y en a eu pour presque tous les gros villages ou petites villes des environs. La publication d'un ensemble de cartes sans le moindre commentaire par le Syndicat d'Initiative jadis n'est évidemment pas pour rien dans cette lacune.

Grâce à Robert Méniger et à Jacques Triolet donc, la seconde partie du tracé est aussi très richement illustrée d'autant plus que de nombreuses autres personnes ont sorti d'anciennes photos de leurs albums et de nombreux souvenirs de leur mémoire. Dès l'annonce du projet d'un ouvrage axé sur le vicinal, beaucoup de gens se sont entousiasmés et m'ont contacté. De mon côté, j'ai interrogé d'autres personnes. Que tous ceux-là cités en première page soient ici remerciés. Merci aussi à ma femme et à mes filles qui m'ont aidé et encouragé à réaliser ce rêve. Aline fut particulièrement assidue et efficace dans les corrections.

Enfin, j'ai proposé à diverses personnes -que je remercie de même- de collaborer activement à l'élaboration de l'ouvrage en commentant un point précis de la ligne: celui où leurs parents ont travaillé et où ils ont passé une partie de leur vie. Je pense ainsi présenter aujourd'hui un ouvrage de forme inédite dans la région. Puisse sa lecture vous intéresser (au moins) et (mieux !) vous passionner !