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Gares d'antan
Cartonné / 144 pages / édition de 1984
langue(s) : français
dimensions : 226 (h) x 224 (l) x 14 (ép) mm
poids : 525 grammes
DISPONIBLE
très bon état
16,95 EUR
référence : 1019120
Tous les prix incluent la TVA
«Je trouve qu'il est dommage qu'on démolisse certaines vieilles gares, comme celle de Boitsfort, pour les remplacer par des chalets d'exposition qui n'ont aucun charme, qui n'ont rien du tout... ». Ainsi s'exprimait le peintre Paul Delvaux au cours d'un entretien accordé en septembre 1975 à la revue «Le rail», organe des Œuvres Sociales de la S.N.C.B.

Ce n'est un secret pour personne, la plupart des stations bâties au siècle dernier sont en danger de mort. Les unes après les autres, elles risquent de succomber sous la pioche des démolisseurs pour faire place à des bâtiments sobres, fonctionnels, bien propres et trop souvent dépourvus d'âme. L'ère prestigieuse de la conquête du rail est révolue. Etait-il nécessaire pour autant d'en supprimer les témoins? Les installations mécaniques de signalisation, les passages à niveau, les verrières, les grues hydrauliques et les châteaux d'eau, comme les valeureuses locomotives à vapeur, sont bannis au fil du temps du paysage ferroviaire que façonnent les exigences d'une exploitation plus moderne, plus rationnelle.

A quoi bon protester ou se plaindre? Mieux vaut sans doute se laisser dériver dans le temps sur les ailes du rêve et de la poésie du passé. Les gares, ces carrefours du voyage, où viennent d'aventure s'écarteler les solitudes, sont propices aux escapades imaginaires et à la nostalgie. Foin des miasmes d'aujourd'hui: on
vous invite à respirer l'odeur oubliée de la vapeur, à découvrir les multiples visages des gares que nous proposent ces «vieux cartons» de la «belle époque».

Au fil des pages, au fil des rails, l'univers ferroviaire, pour peu que vous vous y faufiliez avec tendresse, vous dévoilera quelque peu ses secrets, vous révélera ses charmes profonds. Il n'est pas tellement difficile de se propulser du monde immobile de la gare qui, entre deux trains, est figée dans l'attente, vers celui du voyage, du dépaysement et de l'inconnu. Au besoin, tous vos désirs inassouvis d'évasion vous y aideront. En remontant l'avenue de la gare, le rideau est déjà levé; on ne peut que déboucher sur la place du même nom, autour de laquelle une kyrielle d'estaminets, de cafés, d'hôtels montent une garde débonnaire: l'enseigne de l'un ou l'autre fait assurément référence aussi à quelque chose de ferroviaire. Qu'elle soit grande ou petite, rurale ou citadine, peu importe: la gare monopolise l'attention. Il en est peu pour rester insensibles au charme désuet qui en émane, à cette beauté venue d'un autre temps. La larme de nostalgie n'est pas de rigueur et pourtant, ces lieux dépositaires de poésie et de magie sont tous, plus ou moins, en sursis... Irez-vous vous émouvoir près des aéroports?

Depuis quelques années, il s'élève au sein de nos cités un monument nouveau, étrange, immense, mystérieux même pour les vieux architectes qui le contemplent avec inquiétude, car tout est nouveau pour lui, tout est encore à l'état de promesse; et pour l'artiste perdu dans le vieux et profond sillon de la routine, c'est un monument plein de menaces.

Les matériaux dont il est bâti, au lieu d'être simplement arrachés de la terre ou du sein de nos forêts, sortent pour la plupart de nos usiness; ses premiers éléments suppo-sent une société merveilleusement organisée en force, savante, maîtresse de puissantes industries; ces éléments de construction sont assemblés en vertu de leur nature propre etde lois scientifiques inconnues des vieux maîtres. Ce monument nouveau, ce symbole naissant d'une société qui mettra sa gloire et son honneur dans le travail, comme ses devancières ont mis la leur dans la macération et dans la guerre, ce monument, c'est la GARE du chemin de fer...». Ainsi parlait un certain César Daly en 1880.

I 'avènement du machinisme — donc du rail — a bouleversé considérablement les habitudes de notre vieille société. Les voyages ne vont pas tarder à se populariser, le tourisme à se démocratiser: le temps n'est pas loin où l'on pourra conjuguer le verbe «partir» à tous les temps. C'est l'époque où le chemin de fer catalyse l'essor des villes, des banlieues, voire des campagnes et stimule fortement l'industrie naissante. Il n'a aucun respect pour la topographie des lieux, qu'il bouscule parfois avec rudesse. De modestes hameaux se mettent à prospérer tandis que d'autres, que le rail a tenus à l'écart, périclitent irréversiblement. Le village change de pôle; au clocher se substitue la gare, nouveau centre d'attraction, de négoce pour la population : les P.T.T. et les chemins de fer y font souvent bon ménage. D'abord exilées à la périphérie urbaine, les gares sont rapidement récupérées, enveloppées, submergées par la ville; l'exode rural et la galopade démographique donnent le coup de pouce qu'il faut. La vie citadine, voire villageoise, est désormais cadencée au rythme de l'heure ferroviaire.
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