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La Belgique à l'heure allemande
Cartonné / 128 pages / édition de 1981
langue(s) : français
éditeur : J.-M. Collet
dimensions : 306 (h) x 217 (l) x 18 (ép) mm
poids : 969 grammes
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Il est bien difficile, quarante ans après les faits, de fixer avec précision ce que fut la réaction de l'ensemble de l'opinion publique belge devant la défaite et l'occupation.

A l'été 1940, la population était fractionnée en plusieurs groupes. Des deux millions de Belges qui s'étaient réfugiés en France, et dont Jacques Crokaert a si bien décrit l'exode, un grand nombre avaient pris le chemin du retour. En septembre-octobre, tous, ou à peu près, ont regagné leurs foyers. Par exemple, du 15 juillet au 10 octobre 1940, 306 trains spéciaux ont ramené à Bruxelles 327.000 personnes, à la cadence de 10.000 à 15.000 par jour.

Beaucoup de ces Belges se souviennent avec amertume des réactions des Français lors des journées qui ont suivi le 28 mai. Ils oublient que cette réaction a été suscitée par le scandaleux discours de Reynaud auquel M. Pierlot a lâchement fait écho. Paradoxalement, la défaite française n'a guère réduit l'animosité des citoyens français envers les Belges qu'ils considèrent comme partiellement responsables — par la «trahison» de leur Roi — de cette défaite réelle au plan militaire.

Ceci est surtout vrai des Wallons, déçus dans leur amour inconditionnel et quelque peu excessif du peuple frère. Les Flamands n'y ont vu que la confirmation de la justesse de leurs réserves traditionnelles envers la France.

Toutes ces déconvenues s'additionnent et resserrent la cohésion et l'unité nationales autour du Roi-prisonnier, scandaleusement calomnié.

Elles ont aussi pour effet de minimiser le rôle malencontreux joué par les ministres et parlementaires belges lors de la pantalonnade de Limoges.
Autre tranche de la population, essentielle puisqu'elle est faite de membres de la population active, souvent chefs ou soutiens de famille : les prisonniers.

En bref, sur les 700.000 hommes mobilisés de mai 1940, 50.000 ont été capturés au cours de la campagne des dix-huit jours et le reste par effet de l'armistice. De ces derniers, 100.000 sont rentrés chez eux proprio motu, et 400.000 sont libérés en juin comme Flamands ou Wallons spécialistes. Les 150.000 autres partent en Allemagne.

Je ne pense pas exagérer en affirmant qu'au cours de cet été de 1940, si l'on fait abstraction des réactions émotionnelles et passionnées, la plupart des Belges pensaient à la probabilité d'une victoire allemande. Y compris MM. Pierlot et Spaak.

Le désastre des Flandres, l'effondrement français tout à fait inattendu, les faibles chances de défense de la Grande-Bretagne devant l'assaut aéro-naval en préparation, tout faisait penser à une issue proche de la guerre.
Les Belges ignoraient leur chance de se voir désigner, pour les diriger, des personnalités allemandes de la vieille école.

Le 2 juin 1940, un certain colonel Keyser est venu annoncer aux secrétaires généraux que le général baron Alexander von Falkenhausen, soixante-deux ans, jusque-là commandant de la région militaire de Dresde, est chargé du gouvernement militaire de la Belgique et du Nord de la France Qusqu'à la Somme).

Lui est adjoint comme président de l'Administration militaire (Militer Verwaltung), le général Reeder, quarante-six ans, jusque-là président du gouvernement de Cologne.

Les questions purement militaires sont du ressort du Komman-dostab, dont le chef d'état-major est le major, plus tard colonel, von Harbou, jusque-là directeur du Consortium de l'Azote et bien connu des industriels belges.
Les questions politiques et diplomatiques reviennent d'abord au conseiller d'ambassade Dr Werkmeister, agent de liaison des Affaires étrangères, ex-conseiller diplomatique du- général von Bock, et autrefois en poste à Bruxelles. Il sera bientôt remplacé par l'ambassadeur von Bargen.

La Belgique, avant même la Norvège et la Hollande, est dotée d'une administration d'occupation, pilote en quelque sorte. Les meilleurs fonctionnaires allemands mobilisés y sont affectés et sont répartis entre cinq Oberfeldkommandantur.
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