Le champ d'action de la mutualité est pour ainsi dire illimité. Réalisation de la maxime : « Tous pour un, un pour tous », elle peut manifester ses bienfaits quand il s'agit de prévenir des personnes contre les conséquences fâcheuses de l'accident, de la maladie, de l'invalidité, de la vieillesse, du décès ; quand une circonstance heureuse, la naissance d'un enfant, entraîne des charges pour !e budget familial ; quand le chômage involontaire prive l'ouvrier ou l'employé de son gain ; quand le travailleur de la terre perd son bétail ou voit ses récoltes détruites ; quand des citoyens veulent satisfaire des besoins intellectuels en garnissani les rayons d'une bibliothèque ; quand...

Quel que soit le but qu'ils veulent atteindre, ceux qui font partie de la mutualité ne poursuivent pas un but de lucre. Ils se sont rendu compte qu'ils peuvent bien peu individuellement. La prévoyance collective, seule, leur permet de se mettre à l'abri des conséquences de l'un ou l'autre malheur qui pourrait les frapper ou de se procurer des agréments quelque peu coûteux. Ils versent périodiquement de modestes épargnes dans une caisse commune, épargnes dont l'importance est déterminée par un règlement, et chacun d?eux souhaite que ce soit pour le bien de ses associés.

Mais si la mutualité concourt à la réalisation de nombreux buts solidaristes, les travailleurs belges ont cependant plus spécialement vu en elle, le moyen de se prémunir contre les conséquences des risques physiques dont ils sont menacés en permanence. Quand, dans notre pays, on prononce le mot « mutualité », on pense tout naturellement à ces « sociétés de secours mutuels », qui, à l'origine, visaient à aider pécuniairement leurs membres en cas d'incapacité de travail par suite de maladie, d'accident ou d'infirmité. C'est de ces associations que nous nous occuperons au cours de cette étude.

Leur action, très limitée au début, s'est lentement amplifiée et on leur a promis qu'en cette année du centenaire de l'indépendance du pays, leur patient effort serait récompensé par le vote d'une législation qui leur permettrait de perfectionner l'œuvre commencée voici un siècle en étendant ses bienfaits à des centaines de milliers de familles.