Les déplacements lointains, qui jadis n'étaient à la disposition que de quelques privilégiés, étaient devenus infiniment plus accessibles depuis la fin du XIXe siècle, grâce à l'industrialisation toujours plus grande des moyens de transports et au développement considérable des échanges internationaux ; mais sans aucun doute les années d'après guerre auront-elles vu naître la plus intense fièvre des voyages que l'on n'ait jamais connue et l'on peut prévoir que ce besoin de connaître autre chose, de voir d'autres pays n'ira qu'en augmentant.

Notre existence moderne veut des satisfactions qui soient proportionnées aux facilités de locomotion et aux progrès techniques qui ont été réalisés. Il est vrai toutefois que des facteurs accidentels, comme l'attrait des anciens champs de bataille ou la prime constituée par les changes appréciés, ont pu provoquer un afflux particulièrement important. Mais il est établi que le tourisme en se démocratisant davantage a su mettre en mouvement des adeptes toujours plus nombreux.

Jusqu'à l'époque problématique, et en tout cas encore lointaine, où une monnaie internationale aurait cours dans tous les pays du monde, il faudra donc être organisé pour connaître et savoir distinguer tous les billets ou les monnaies qui seront présentés pour l'échange. Ce n'est pas là toujours tâche facile, car nous sommes bien loin des temps anciens où les pièces d'or seules étaient considérées comme moyen de paiement; la connaissance du métal était alors indispensable et avec une balance l'on « pesait » la valeur des pièces. Mais déjà — non pas la fraude proprement dite — un certain prélèvement était d'usage courant... «Oh! mes gentils moutons, mes agneaux gentils, çà, que je vous tonde! et saisissant ses grands ciseaux, il rogna de ci, de là des pièces d'or, comme il avait coutume de rogner toutes pièces de monnaie avant de s'en séparer. » (Anatole France : Le Miracle de la pie.)

Quant au premier billet de banque, il est assez difficile de préciser l'époque exacte de son apparition, mais si l'on admet qu'il doit s'agir d'un engagement établi au porteur et sans être limité par un dépôt en banque, on peut en rencontrer déjà au début du XVe siècle. Ces promesses de paiement n'ont servi que dans une mesure très restreinte et leur seul inconvénient de ne pas toujours être honorées à présentation devait être assez important, car dès 1421 nous trouvons une décision de la République de Venise qui interdit de faire du négoce avec ces billets.

Les changements de régime et les assainissements financiers ont été particulièrement nombreux pendant ces dernières années. Il est inutile de rappeler aux techniciens la difficulté de connaître exactement toutes les modifications qui sont intervenues et d'insister sur les risques présentés par des monnaies fausses ou sans valeur.

Cet état de choses nous a incités à entreprendre une « codification » de tous détails, signes spéciaux, etc.. ; nous espérons mettre ainsi à votre disposition un guide de tout repos et un auxiliaire averti tout en nous proposant de faire paraître des suppléments pour tenir à jour notre Dictionnaire des Monnaies.