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Orfèvreries Liégeoises
Relié / 310 pages / édition de 1976
langue(s) : français
éditeur : Fonds Mercator
ISBN : 9061530776
EAN : 9789061530770
dimensions : 315 (h) x 265 (l) x 40 (ép) mm
poids : 2450 grammes
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Né des enfantements géologiques de l'Amérique du Sud et du Mexique, le pâle et lisse métal qu'est l'argent tel que nous le connaissons possède des vertus cachées moins familières puisqu'on l'emploie, ailleurs que sur nos tables, dans des domaines aussi variés que la verrerie, la photographie et la thérapeutique. Il n'en reste pas moins que pour nous, au premier chef, argent évoque argenterie, c'est-à-dire des objets usuels, vivant de notre vie, participant à notre existence quotidienne, individuelle ou collective, avec une fidélité de bon serviteur n'excluant pas l'usure de la fatigue, ce qui rend leur vulnérabilité plus émouvante.

L'ustensile en argent joint au plaisir du regard caressé par son éclat lunaire celui du toucher à son glissant contact ; ils contribuent aux délices du palais que cultivent les gourmets. S'il fallait dégager le caractère primordial de l'argent ce serait sa distinction. Plus noble que l'étain, moins ostentatoire que l'or, il est l'élégance dans la sobriété. Mais ce serait méconnaître sa valeur sociologique que de n'en apprécier que les agréments sensuels.

Dans une famille, l'argenterie est un symbole de tradition et d'homogénéité; tout au moins l'a-t-elle été longtemps. Elle se transmettait de génération en génération. Le premier cadeau que recevait un nouveau-né était une timbale ou un couvert gravés à son prénom. Elle portait chez les fils le même chiffre ou le même blason qu'au foyer paternel de sorte qu'elle représentait, comme les tableaux de famille, le signe d'une commune appartenance.

Au-delà de cette signification bourgeoise, le raffinement du service de table traduisait dans les grandes maisons d'aristocrates ou de financiers le degré de leur puissance ou de leur opulence. Les inventaires après décès attestent l'importance de l'argenterie dans les successions. Le fermier général de Cuisy laissa huit douzaines d'assiettes d'argent au poinçon de Paris estimées treize mille deux cent quatre-vingt-dix livres.

Au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle, l'art de la table atteignit à Paris une perfection d'autant plus rare que ceux qui l'entretenaient n'achetaient — sauf les collectionneurs — que des meubles, des couverts, des tapisseries, des objets neufs commandés par eux aux ébénistes, orfèvres, cartonniers et porcelainiers dont la maîtrise correspondait à un haut sommet de civilisation. La conversation comme le goût concouraient à faire un chef-d'œuvre de la vie de société.

Toutes proportions gardées, la petite cour des princes-évêques de Liège bénéficia de cette atmosphère euphorique pendant un siècle et demi. Les Bavière aimaient souper et faire de la musique ; les grands seigneurs faisant partie du chapitre tréfoncier menaient dans leurs hôtels un train non exempt d'un certain luxe. Le comte de Provence émigré notait dans son journal que Monsieur avait fait un repas très agréable au palais de Monseigneur en 1792.

Il n'est donc pas étonnant que d'excellents artisans aient façonné l'argent à Liège et dans les bonnes villes de la Principauté. On le savait grâce aux travaux de Joseph Brassinne et de Pierre Colman mais certains domaines leur avaient échappé. Le baron de Schaetzen, au cours d'une vie de recherches spécialisées où l'expert s'est formé sous le collectionneur, a retrouvé et soumis à un examen savant de multiples pièces inconnues dont la diversité est un hommage au vocabulaire en même temps qu'à l'orfèvrerie: aiguières, drageoirs, salières, huiliers, surtouts, saucières, brocs, flambeaux, chaufferettes à braises, terrines, truelles à table, tire-mœlle, cafetières à robinets multiples. L'énumération en dit long sur le penchant de nos ancêtres pour la dégustation.

M. de Schaetzen a joué la difficulté. Il s'est penché avec une attention particulière sur les humbles bataillons des cuillères, des fourchettes et des couteaux, cette piétaille de l'argenterie méconnue et pourtant essentielle. Il en a étudié les styles et les poinçons avec l'intérêt que méritent les déshérités. L'ouvrage capital qu'il offre aujourd'hui aux amateurs avertis fera faire un pas considérable dans la connaissance de l'argenterie liégeoise et ajoutera un fleuron à la couronne de la remarquable Collection Mercator.
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