Aborder Pompéi, ne fût-ce que pour y faire une simple visite sans prétention particulière, exige une décision préalable. Il faut tout d’abord se fixer un objectif réaliste en fonction des possibilités (en termes de temps et d’attention) dont on dispose. Mais ce n’est pas suffisant.

L’ensevelissement brutal causé par le volcan a assuré la conservation des types d’information les plus diverses, que nous pouvons appréhender à différents niveaux.

Les sites antiques de la région du Vésuve, comme un très petit nombre d’autres qui appartiennent à des milieux géographiques, historiques et culturels complètement différents, peuvent être soumis à une technique d’enquête archéologique fondée sur toute une gamme potentielle de connaissances qui vont, pour simplifier, de la nature à l’histoire. Le premier de ces deux termes recouvre évidemment un champ sémantique très large: nous y rattacherons par commodité non seulement les données géomorphologiques (qui sont présentes, et susceptibles d'analyse, sur tout site antique), mais aussi tous les éléments organiques, qu’ils soient véritablement naturels, c’est-à-dire exempts de toute intervention humaine, ou qu’ils soient au contraire le produit de l’activité de l’homme. Un champ immense, des cultures à l’élevage, de l’utilisation des matières organiques aux fins les plus diverses jusqu'à l’étude paléoanthropologique, s’ouvre ainsi à la recherche. S’il n’est évidemment pas propre au territoire concerné par l’éruption de 79 ap. J.-C., il peut cependant s’y fonder sur des vestiges particulièrement abondants, et remarquablement conservés.

Les témoignages matériels qui dérivent de l’activité de l’homme relèvent en revanche de la connaissance historique: du plus modeste ustensile d’usage quotidien au splendide bijou, de l’édifice en lui-même (unitaire, mais composé d’innombrables parties) au véritable organisme formé par la ville, comprise dans sa totalité et, au-delà, au système de production des cercles concentriques formant les faubourgs agricoles de la ville - jusqu’aux confins exotiques de l’Inde, d’où provient une statuette en ivoire qui suscite un vif intérêt auprès des visiteurs du Musée Archéologique de Naples. Dans ce domaine non plus, les villes vésuviennes n’ont rien à nous offrir qui soit fondamentalement différent de ce que livrent tous les autres sites soumis à une étude archéologique visant à enrichir nos connaissances historiques: ici encore, cependant, c’est la quantité d’informations qui fait la différence. Et ceci d’autant plus qu’il faut nous souvenir que l’occupation humaine de cette région remonte au moins au deuxième millénaire, ce qui signifie que les données conservées y concernent plus de mille années de la présence de l’homme.

Le reclassement de la documentation déjà réunie, réalisé par la Surintendance Archéologique à des fins institutionnelles, mais qui offre désormais également un cadre de travail pour l’enrichissement de nos connaissances, a été effectué en fonction de deux catégories principales: le temps et l’espace.

Le temps couvre une période comprise entre le XVIIIe siècle et nos jours; l’espace est défini par la portion de territoire intéressée par l’éruption. Ainsi, en accord avec la Surintendance aux Biens Archéologiques de Naples et de Caserte, les différentes étapes de la découverte, déjà répertoriées dans la Pompeianorum Antiquitatum Historia de Giuseppe Fiorelli, s’enrichissent progressivement de l’apport des documents relatifs à l’état actuel de ce qui, mobile ou fixe, a été remis au jour dans ces sites.

L’espace peut aujourd'hui être décrit au millimètre près, et la technologie [...]